Après Emilie Dequenne et Déborah François, les frères Dardenne mettent en scène un nouveau visage: Arta Dobroshi. Originaire du Kosovo, la comédienne interprète dans Le silence de Lorna une jeune immigrée prête à tout pour faire sa place en Belgique.

Dure, décidée et coupée de ses sentiments, la Lorna des Dardenne est froide. C'est une impression toute différente qui se produit quand on rencontre Arta Dobroshi en chair et en os: radieuse et douce, la comédienne, passée à Montréal lors du festival de film Cinémania, parle avec amour d'un rôle qui pourrait bien changer sa vie.

«Lorna est très forte et très fragile en même temps: elle essaie de survivre dans sa situation, une situation très difficile. Quand j'ai lu le scénario pour la première fois, je voulais vraiment jouer un personnage qui porte tout le film», dit la comédienne âgée de 28 ans.

Arta Dobroshi travaillait au théâtre à Pristina lorsqu'elle a été pressentie pour le casting du Silence de Lorna. Elle ne parlait pas un mot de français. Qu'à cela ne tienne: elle a été invitée ensuite à se rendre en Belgique pour des essais avec Jérémy Rénier (son partenaire à l'écran).

«J'ai appris deux scènes phonétiquement, en français. Après deux jours, ils m'ont dit: Tu es Lorna. J'ai accepté et ils m'ont dit: Maintenant, tu dois apprendre le français et couper tes cheveux!» Elle a appris le français en deux mois de cours intensifs.

«C'est venu très vite. J'étais seule en Belgique. Je ne suis pas sortie, je n'ai pas fait la fête pendant cinq mois! Je voulais rester près de Lorna. Je me suis dit: si je sors, je dois faire la fête comme Lorna, mais Lorna ne sort pas.»

Aux côtés des frères Dardenne et de leur équipe, Arta Dobroshi a répété les scènes du film pendant un mois et demi. «Tous les gestes sont répétés: il n'y a rien d'improvisé», dit-elle. L'attention des Dardenne porte bien évidemment sur la présence physique et la gestuelle des comédiens.

«Ils sont dans l'action: c'est à toi de réfléchir à la psychologie. Si tu es dans le moment, dans tes gestes, tu ne réfléchis ni au futur ni au passé: tu es dedans. Eux ne parlent pas de psychologie. C'est mon boulot. J'écris sa biographie. C'est juste pour moi, je me sens plus sûre quand je joue», explique la comédienne.

Depuis la présentation du film au Festival de Cannes, Arta Dobroshi a énormément voyagé. L'expérience lui a ouvert des portes, mais elle aborde sereinement son succès. «Tout vient à toi: même si tu fais un mauvais film, les choses s'ouvrent. Travailler avec Jean-Pierre et Luc, c'est magnifique. On l'a fait avec beaucoup d'amour. Ça te fait avancer de voir ça», estime-t-elle.

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Le silence de Lorna est actuellement à l'affiche.