C'était le débat de la semaine dernière: aller ou ne pas aller voir le film Polytechnique? En fin de compte, la visibilité du film de Denis Villeneuve et sa rumeur favorable ont porté leurs fruits. Polytechnique a pris le premier rang du box-office québécois le week-end dernier, avec des recettes de 326 074 $.

Pourtant, l'oeuvre en noir et blanc inspirée de la tragédie du 6 décembre 1989 n'était présentée que sur 35 écrans. Elle obtient donc une moyenne par écran de 9316 $. «C'est une très forte moyenne, l'une des meilleures pour un film québécois, indique Simon Beaudry, le président de Cinéac, la firme qui compile les recettes des cinémas québécois. C'est ce qui lui a permis d'avoir la première place.»

Tout juste au deuxième rang avec des recettes de 324 814 $, le film Taken, par exemple, présenté sur près du double d'écrans, a obtenu une moyenne par copie de 4777 $. Suivent He's Just not That Into You (279 056 $), The Pink Panther 2 (247 392 $), Push (187 639 $) et Slumdog Millionaire (154 988 $), qui poursuit sa belle lancée en franchissant la barre du million au Québec avec des recettes totales de 1 077 177 $.

Le drame Polytechnique, réalisé à l'initiative de sa productrice et actrice Karine Vanasse, a été salué par la critique partout en province. «C'est un peu particulier de commenter ce film-là pour des raisons évidentes, indique Patrick Roy, le président du distributeur Alliance Vivafilm. Mais nous sommes fiers du résultat, car beaucoup de Québécois ont voulu aller voir ce que je considère comme un grand film. Ils avaient le goût de réfléchir ou de découvrir quelque chose qu'ils n'avaient pas vécu.»

M. Roy parle de découverte, car les propriétaires de salles ont fait savoir que beaucoup de jeunes sont allés voir le drame dans lequel Maxim Gaudette incarne le tueur. Polytechnique a fait beaucoup jaser la semaine dernière. Est-ce que le distributeur a craint à un certain moment de perdre le contrôle du message? «Nous voulions que la campagne se fasse dans le respect et la sobriété, dit Patrick Roy. Denis Villeneuve et Karine Vanasse ont réussi à garder ce ton-là. Nous ne voulions pas que ça parte dans tous les sens.»

Il faut dire qu'Alliance Vivafilm s'attendait à ce que le film suscite un débat qui va au-delà du domaine artistique. «Dès que le projet a été annoncé, il a fait les manchettes, souligne son président. Mais plus la sortie approchait, plus le test était le film lui-même. Et il y a eu unanimité autour du film.»

Devancé par Éric Lapointe...

Selon Influence Communication, les discussions suscitées par Polytechnique ont occupé la sixième place des nouvelles les plus importantes de la semaine, mais pas la première du domaine artistique. Au premier rang des nouvelles, on retrouve les commentaires du président français Nicolas Sarkozy sur le Québec. Viennent ensuite le séjour d'Éric Lapointe à l'hôpital, les déboires du Canadien, ceux de la Caisse de dépôt, la crise économique, puis Polytechnique.

Le poids média du film est de 0,92 %. «C'est près de 1 %, Et à 1 %, on parle d'une grosse nouvelle», précise Jean-François Dumas, le président d'Influence Communication.

Soulignons que 5 des 35 copies qui circulent au Québec sont celles du film tourné en anglais (le film a été tourné dans les deux langues). Des quotidiens canadiens comme The Globe and Mail et The National Post ont parlé de la production de Remstar. Alliance Vivafilm n'a pas pris de décision concernant la date de sortie du film dans les autres provinces.