My One and Only : de tradition hollywoodienne

Cette comédie dramatique de Richard Loncraine (Brimstone&Treacle, Wimbledon) ne fait pas partie d'un genre qu'on retrouve traditionnellement dans la section compétitive d'un grand festival de cinéma. Cela dit, son caractère charmant a indéniablement séduit les festivaliers. Dans la plus pure tradition classique hollywoodienne, My One and Only relate le parcours d'une femme excentrique qui, dans les années 50, entraîne ses deux fils ados dans un périple dans tout le pays. À vrai dire, cette femme cherche à séduire un homme riche qui accepterait de prendre en charge la petite famille. Inspiré des mémoires de l'acteur George Hamilton, My One and Only se distingue surtout par son ton bon enfant, de même que par la présence pétillante de Renée Zellweger, une actrice qui est en train de se faire une spécialité d'incarner des femmes du passé. L'ensemble demeure quand même très prévisible, et ne déroge à aucune des règles qu'impose le genre.

La Teta Asustada : la pudeur des sentiments

Le deuxième long métrage de la réalisatrice péruvienne Claudia Llosa constitue l'une des belles surprises de la compétition. Et confirme la particularité de cette 59e Berlinale, dont les films plus marquants sont signés par des candidats moins connus. S'inspirant d'une légende ancienne, l'auteure cinéaste décrit les difficultés existentielles d'une jeune femme atteinte d'un mal mystérieux. En situation de stress, Fausta (Magaly Solier) souffre de symptômes physiques dont ont dit qu'ils seraient génétiques. Le syndrome de la peur serait en effet transmis à tout enfant nourri au lait d'une mère qui, durant sa grossesse, aurait été violée ou violentée. Seul le chant pouvant parfois conjurer le mauvais sort, Fausta survit en se chantant intérieurement des chansons qui évoquent sa condition de façon poétique, transmises par sa vieille mère. La Teta Asustada (The Milk of Sorrow) est un film modeste dans lequel la réalisatrice affiche un beau sens de la narration en laissant la place à la pudeur des sentiments. Il ne serait pas étonnant que le titre soit entendu au cours de l'annonce du palmarès demain.

Maurice Jarre honoré

Le célèbre compositeur Maurice Jarre, aujourd'hui âgé de 84 ans, a reçu hier un Ours d'or honorifique pour l'ensemble de sa carrière. Le père de Jean-Michel a signé la trame musicale d'environ 180 films, parmi lesquels plusieurs ont été réalisés par des cinéastes de légende. Bien que des oeuvres de Hitchcock, Kazan, Visconti, Wyler et bien d'autres figurent notamment sur sa feuille de route, le nom de Maurice Jarre reste quand même beaucoup lié à celui de David Lean. La musique de Lawrence of Arabia lui a donné sa notoriété internationale et un Oscar. Jarre devait ensuite en obtenir deux autres, toujours grâce à des films de David Lean (Doctor Zhivago et A Passage to India). Le journal Variety rapporte que la plus récente partition du compositeur remonte à 2001 (la minisérie Uprising). «Les grands cinéastes avec qui j'ai eu le bonheur de travailler ont tous disparu, a-t-il déclaré. Et puis aujourd'hui, la mode est au rythme frénétique. On ne sait plus si ça relève du domaine de la musique ou de celui des effets sonores!»

Un nouveau leader

Cela ne peut jamais servir d'indice pour présumer du palmarès d'un jury, mais le groupe de critiques assemblé par le magazine Screen est sans équivoque: London River de Rachid Bouchareb, un film sur le choc des cultures à Londres au lendemain des attentats de 2005, domine le classement avec une moyenne de trois étoiles. Suivent, ex aequo à 2,6, About Elly, le film iranien d'Asghar Farhadi, et The Messenger d'Oren Moverman, lequel porte sur le retour aux États-Unis d'un soldat en mission en Irak. Les gros noms (Ozon, Potter, Moodysson, Tavernier, etc.) n'ont visiblement pas impressionné le groupe. Le palmarès officiel, établi par le jury présidé par Tilda Swinton, sera annoncé demain.