Des soirées de gala sont à la diète, les studios ont revu à la baisse leurs dépenses de campagne et même les chirurgiens esthétiques se font des cheveux blancs : le monde enchanté des Oscars n'échappe pas à la réalité de l'économie américaine.

Les stars vêtues de robes de créateurs et de bijoux de grand prix répondront présent sur le tapis rouge de la cérémonie, mais les fêtes extravagantes qui suivent le grand événement du 7e art vont perdre de leur lustre, si elles n'ont pas déjà été annulées.

Chris Benarroch, dont le métier est d'organiser des galas à Los Angeles, souligne avoir pris conscience de la situation lors des Golden Globes en janvier. «D'habitude, il y a environ dix fêtes» après la cérémonie, explique-t-elle. «Cette année, il y en avait trois. Les studios ont énormément réduit» leurs dépenses.

«Il y a eu beaucoup de licenciements cette année dans les studios, et c'est devenu évident lors des cérémonies de récompenses», selon elle.

Ces dernières années, la fête post-Oscars la plus courue était celle de Vanity Fair, où seule la «crème de la crème» était admise.

Mais le rédacteur en chef du mensuel new-yorkais, Graydon Carter, a révélé que cette année sa fête serait «considérablement» plus intime. Il est même question de réutiliser des décorations de précédents événements.

«D'habitude, pendant la soirée des Oscars, vous montez dans votre limousine et passez de fête en fête», rappelle Mme Benarroch.

Mais cette année, «si vous êtes un studio avec un sélectionné (aux Oscars), ce sera un dîner dans un restaurant. Quelque chose de très réduit et exclusif. Pas des galas avec plus de 500 personnes», selon elle.

Dans le même temps, les grands studios ont effectué des coupes claires dans les budgets de commercialisation et de publicité pour vanter leurs films aux électeurs de l'Académie des arts et des sciences du cinéma, provoquant un manque à gagner se chiffrant en millions de dollars pour les supports.

L'expert ès statuettes Tom O'Neil, éditorialiste du site The Envelope consacré par le Los Angeles Times à la saison des Oscars, estime que «la campagne (électorale) habituelle des Oscars pour le meilleur film était d'environ 15 millions de dollars».

«Cette année, pour The Curious Case of Benjamin Button, c'est dix millions», ajoute-t-il.

Même la chirurgie esthétique est affectée : les spécialistes californiens de la réduction des rides n'ont pas noté une hausse de leur activité aussi spectaculaire que celle des dernières années.

«Le nombre des opérations augmente toujours avant les récompenses, la question dans de telles circonstances économiques est de savoir de combien elles vont augmenter», remarque Anthony Griffin, chirurgien esthétique à Beverly Hills, repaire de vedettes dans l'ouest de Los Angeles.

Il confie que son chiffre d'affaires a augmenté de 25 % pendant la saison des Oscars, mais que ce résultat est en retrait par rapport aux années précédentes. «Toute la ville semble avoir réduit ses dépenses, y compris les soins de beauté», dit-il.

Même constat pour son confrère de Santa Monica, Michael McGuire, qui voit d'habitude davantage de célébrités venir recevoir leur dose de botox avant les Oscars.

«L'activité semble légèrement en retrait par rapport aux années précédentes et certains pourraient réduire leurs dépenses de beauté», note le docteur McGuire. «Mais c'est toujours Hollywood, où la beauté règne en maître», veut-il se rassurer.