Jusqu'à samedi prochain, les Rendez-vous du cinéma québécois font justement la fête au cinéma québécois. De la fiction au documentaire, du court au long; des salles obscures aux 5 à 7 et soirées, le choix est vaste. Quelques films ont retenu notre attention.

Une tente sur Mars

À Schefferville. Après la fermeture des mines, les Innus font face à leur réouverture prochaine. La terre rouge de la mine, le paysage délaissé et désolé servent de point de départ à une large réflexion sur la place des Innus dans la société québécoise et canadienne. Dans le sillage de Richard Desjardins et de Robert Monderie (Le peuple invisible), Martin Bureau et Luc Renaud reviennent sur une ville occultée de la mémoire collective québécoise, au même titre que ses habitants. 

Avec, en filigrane, cette question: « Si la souveraineté territoriale est légitime pour le Québec, ne l'est-elle pas aussi pour les autochtones?» Les effets dans la réalisation peuvent laisser parfois sceptiques, mais le propos de Bureau et Renaud mérite toute notre attention. 

De Martin Bureau et Luc Renaud (dimanche 22 février, à 19 h 30 au Cinéma ONF).

De l'office au box-office

De la création, en 1939, de l'Office national du film du Canada à la création, en 1967, de la Société canadienne de développement de l'industrie cinématographique, Denys Desjardins revient dans ce documentaire sur la naissance de la fiction et du documentaire annonçant l'âge d'or du cinéma de l'ONF. Les spectateurs qui ont eu la chance d'apprécier l'excellente série de George Privest sur le cinéma québécois, diffusée l'automne dernier sur les ondes de Télé-Québec, retrouveront avec plaisir un regard rétrospectif et analytique sur le cinéma québécois. On ne peut que prendre du plaisir à écouter Denys Arcand, Denis Héroux et Stéphane Venne raconter la naissance de Seul ou avec d'autres.

De Denys Desjardins (dimanche 22 février, à 14 h, à l'auditorium de la grande bibliothèque)

Terre d'asile

La réalisatrice Karen Cho s'attaque, avec Terre d'asile, à un sujet très politique (on pense aux stigmatisations et préjugés dont sont parfois victimes les réfugiés), profondément administratif (le processus de sélection de ces mêmes réfugiés), mais surtout hautement humain. Karen Cho suit le parcours de plusieurs demandeurs d'asile obligés de fuir la violence de leur pays d'origine. Le film se penche bien sûr sur le drame humain, mais souligne aussi le désarroi administratif qui attend les demandeurs d'asile. Instructif et touchant.

De Karen Cho (Lundi 23 janvier à 19 h au Centre Seagal)

Tant qu'il reste une voix

Que reste-t-il des chants français? Autrefois partie intégrale de la vie quotidienne, le chant a aujourd'hui été remplacé par les enregistrements. Tant qu'il reste une voix revient sur la passion de Francine Brunel-Reeves, passionnée de la complainte médiévale La blanche biche. Jean-François Ohron nourrit sa réflexion sur la mémoire du chant d'extraits de performances, offrant des moments tout à fait touchants à son spectateur.

De Jean-Michel Ohron (le 27 février à 19 h au Cinéma ONF).

 

Ce week-end aux Rendez-vous

Deux leçons de cinéma prometteuses :

> La leçon en tandem d'Arturo Ripstein et Paz Alicia Garciadiego (samedi à 14 h à la Cinémathèque québécoise) : le cinéaste et la scénariste reviendront sur une collaboration de 23 ans, au cours de laquelle sont nés des films majeurs (La Reina de la Noche, La Virgen de la Injuria).

> La leçon de musique de Jean-Michel Bernard (dimanche à 14 h) : il a collaboré avec Enrico Morricone et Zubin Mehta, a côtoyé Ray Charles avant de devenir le complice de Michel Gondry. Il donne une leçon de musique aux cinéphiles québécois.

Au grand écran :

> Carcasses, de Denis Côté (samedi à 19 h 30 à la Cinémathèque québécoise) : Après Elle veut le chaos, le réalisateur québécois revient au grand écran avec un long métrage minimaliste autour d'un personnage presque trop original pour être réel, Jean-Paul Colmor.

> Champlain retracé, une oeuvre en 3 D de Jean-François Pouliot (au cinéma ONF du 19 au 27 février à 18 h 45 et 21 h; les 21, 22, 28 février à 16 h 30, 18 h 45 et 21 h) L'hommage de l'ONF au fondateur de la ville de Québec s'amène à Montréal. Une réflexion sur l'histoire et la création, en trois dimensions