Fidèles à la règle non écrite, les Academy Awards ont retenu cette année au titre de meilleur réalisateur les maîtres d'oeuvre des cinq productions mises en nomination à l'Oscar du meilleur film. Entre le travail d'orfèvre de Stephen Daldry, le classicisme d'un David Fincher méconnaissable et le style plus trépidant de Danny Boyle, s'agit de voir lequel de ces trois prétendants saura charmer les votants.

D'entrée de jeu, il convient d'écarter Ron Howard et Gus Van Sant. Le premier offre avec Frost/Nixon un film intelligent, bien ficelé, mais qui repose d'abord et avant tout sur la performance de Frank Langella et de Michael Sheen. De surcroît, Howard a déjà remporté l'Oscar du meilleur réalisateur en 2001 pour A Beautiful Mind. Howard est un bon faiseur, sans plus. De la même façon, aussi passionnant soit le Milk de Van Sant, il a d'abord à voir avec la performance magistrale de Sean Penn.

Des trois candidats restants, David Fincher s'avère certainement le choix le plus inusité. Reconnu pour sa filmographie sombre, dont Seven, The Game et Fight Club demeurent les plus beaux porte-étendards, le cinéaste de 47 ans reçoit sa première nomination à un Oscar, ironiquement, pour un film qui jure avec son style habituel. Il serait étonnant que l'Académie lui décerne la statuette, même si L'étrange histoire de Benjamin Button est une production en plein dans les cordes de l'Académie. Fincher est seulement victime de la forte concurrence qui a cours cette année.

La bataille finale devrait logiquement opposer Stephen Daldry et Danny Boyle. Le premier livre avec Le liseur un drame profond sur un sujet sensible pour plusieurs membres de l'Académie (l'Holocauste). Le Soleil a craqué pour ce film. Si la raison l'emporte, Stephen Daldry est notre choix.

 

Si c'est le coeur, alors notre vote va à Danny Boyle pour Slumdog Millionaire. Le réalisateur britannique arrive toujours là où personne ne l'attend. Après sa fabuleuse incursion dans le monde de la drogue (Train-spotting), l'éclectique Boyle a touché notamment au thriller d'épouvante (28 jours plus tard) et à la science-fiction (Sunshine), toujours avec le même talent.

«Aller vers un autre style et tourner en Inde, c'était perdre mes repères. L'incertain vous oblige à être très créatif», déclarait-il le mois dernier au Figaro.

Pour cette créativité qui ne s'étiole jamais, et dont Slumdog Millionaire profite au maximum, Danny Boyle devrait logiquement être couronné meilleur réalisateur de l'année.