Migou. Le mot tout seul a déjà son charme. Et quand les enfants rencontrent la drôle de bête, quand ils l'entendent parler avec sa voix et son accent si particuliers, ils voudraient avoir un Migou comme compagnon. C'est sans parler de Mia, la petite fille de 10 ans dont le courage et la douceur font rêver.

Mia et le Migou, c'est le nouveau film de Jacques-Rémy Girerd, qui, après La prophétie des grenouilles, utilise de nouveau la fable pour aborder les dangers qui menacent l'environnement.

Contre l'avis de tous, Mia part rejoindre son père qui travaille au loin, sur un gros chantier. Elle doit pour cela avancer dans des zones désertiques, où règne une chaleur accablante, puis traverser une forêt et des montagnes que l'on dit peuplées de démons. Mais elle a ses grigris pour la protéger. Et un courage qui n'a d'égal que son espoir de retrouver son père vivant, malgré les cauchemars qui invitent le malheur.

Dans la jungle, Mia rencontre les Migous, des créatures étranges qui sont un peu les esprits de la nature et qui possèdent des pouvoirs magiques. Les Migous protègent un arbre, de qui dépend la vie sur Terre. Et cet arbre est justement mis en péril par Jekhide, un promoteur immobilier qui veut construire des habitations de luxe dans ce territoire qui est un des derniers endroits de la planète où la température demeure confortable.

Mia et le Migou, c'est donc le capitalisme qui détruit aveuglément la nature, mais c'est aussi la nature qui cherche à reprendre ses droits, de même que l'enfant devant la bêtise des grands. L'enfant qui comprend la menace avant l'adulte et qui devient grand un peu trop vite parce qu'il y a urgence de trouver des solutions.

Tout ça peut paraître lourd, mais ce n'est pas le cas, même si les dangers sont illustrés de manière explicite. Car il y a toujours la beauté qui l'emporte sur la menace et le tragique. Celle de l'amitié, celle de l'espoir, celle de la nature. Les scènes de la forêt, magnifiquement dessinées, sont très poétiques et elles font ressentir l'infinie beauté de la vie. Et il y a les Migous, dont la présence est magique.

Dans sa quête, Mia rencontre une galerie de personnages colorés, qui donnent au film ici une touche d'humour, là un frisson ou un élan de compassion. Le personnage de Jekhide, incarnation du capitalisme sauvage, nous semble toutefois un peu exagéré dans sa violence et sa mauvaise foi. Mauvais père, obsédé par l'argent, plus préoccupé par ses grues que par la vie de ses ouvriers, prêt à tuer par ambition; il devient presque caricatural dans une fable qui ne l'est pas.

En-dehors de cette petite réserve, Mia et le Migou est un beau film, qui propose un univers visuel singulier et un propos consistant. Il faut par ailleurs souligner le travail des acteurs, qui ont prêté leur voix aux personnages avant qu'ils ne soient illustrés. Les dessins ont été inspirés par les émotions de ces voix et il s'en dégage une sensibilité et un réalisme plus grands que dans la plupart des films d'animation.

Les Migous plaisent beaucoup aux petits, mais le caractère plus violent de certaines scènes ne conviendra peut-être pas à des enfants d'âge préscolaire.