Ottawa est de nouveau la cible d'artistes qui dénoncent sur l'internet sa politique budgétaire en matière de culture. Le cinéaste Jacques Godbout a mis en ligne, hier, une capsule vidéo de trois minutes dans laquelle il critique avec vigueur le sous-financement de l'Office national du film (ONF).

«Hier, c'était une institution exceptionnelle. Aujourd'hui, c'est une institution en voie de disparition, s'inquiète le réalisateur d'Anne Hébert, 1916-2000. Demain, ce pourrait être tout autre, mais on est au Canada, où on a l'art de se détruire et de se tirer dans le pied.»

Cette vidéo s'inscrit dans une campagne plus vaste lancée début février par les employés syndiqués de l'ONF pour dénoncer le manque de ressources de l'organisme. Ils affirment que les budgets de l'Office ont systématiquement été réduits sinon gelés au cours des 15 dernières années. Ils redoutent qu'une expertise précieuse et un climat des plus favorables à la création se perdent.

Or, selon Jacques Godbout, les sommes nécessaires pour relancer l'Office sont loin d'être faramineuses. «Il faut des sous! Mais on n'a pas besoin de milliards. Ce ne serait pas énorme, ce qu'il faut ajouter au budget de l'Office pour en faire une institution valable.»

Benoît Pilon, Roger Frappier, Alanis Obomsawin ou Torill Kove, lauréate d'un Oscar en 2006 pour son court métrage d'animation The Danish Poet, tiennent des propos similaires dans des vidéos mises en ligne depuis deux semaines, qu'on peut voir à scfp.ca/onf.

Ces interventions ne sont pas sans rappeler le vidéoclip de Benoît Brière, Stéphane Rousseau et Michel Rivard qui avait fait grand bruit lors de la dernière campagne électorale fédérale. Diffusé sur YouTube, il dénonçait avec humour les coupes dans les programmes de promotion de la culture à l'étranger.

L'appel lancé par M. Godbout n'a pas trouvé d'écho, hier à Ottawa. Le bureau du ministre de la Culture, James Moore, a confirmé qu'aucune hausse des budgets de l'ONF n'était prévue. «Le budget est suffisant et adéquat pour les besoins actuels de l'ONF», a dit sa porte-parole, Deirdre McCracken, à La Presse.