L'absence de projets de réalisatrices parmi les films financés par la SODEC et Téléfilm Canada suscite la «stupéfaction» des réalisatrices équitables.

L'organisme, soutenu par 178 réalisatrices, demande à la ministre Christine St-Pierre de prendre des «dispositions immédiates, énergiques et proactives pour que cesse cette discrimination systémique».

Présentes dans un tiers des projets soutenus par la SODEC l'an dernier, les femmes ont disparu des écrans radars des institutions de financement du long métrage de fiction cette année. «On était contentes l'an dernier que les femmes soient encouragées à pousser leurs films plus loin. Là, on est bien déçues», dit Isabelle Hayeur.

Rappelons que chaque année, la SODEC investit dans une quinzaine de longs métrages produits par le secteur privé. Tout n'est donc pas joué pour l'année 2009, rappelle la SODEC, qui souligne aussi le fait que trois projets seulement sur les 39 soumis étaient ceux d'une réalisatrice.

«Notre premier travail est de recevoir et d'analyser les projets. On prend connaissance de cette lettre, mais on est tributaires des projets déposés par les producteurs. C'est aussi un premier dépôt : il ne faut pas perdre ça de vue», répond Isabelle Melançon, directrice des communications de la SODEC.

Les femmes représentent près de la moitié des effectifs des écoles de cinéma du Québec. Dans la vie professionnelle, les projets, en cinéma et à la télévision, de femmes réalisatrices accaparent moins de 10 % des budgets, révélait une étude des réalisatrices équitables publiées l'an dernier.

«On pense que le problème est systémique: les femmes sont moins présentes pour se rendre jusqu'au long métrage de fiction, parce qu'elles se découragent ou qu'elles ne sont pas encouragées», déplore Isabelle Hayeur.

En 2008, la SODEC a reçu 66 demandes de financement pour les longs métrages en français. Dix avaient une réalisatrice aux commandes. Quatre d'entre eux ont été retenus. En anglais, c'est un tiers des longs métrages financés par la SODEC qui ont été réalisés par des femmes.

Pour inverser la tendance, les réalisatrices espèrent pouvoir discuter avec la SODEC, «de mesures progressives et incitatives» pour favoriser d'abord les scénarios écrits par des femmes. Aussi, les réalisatrices équitables espèrent pouvoir assurer aux femmes une place dans les programmes de production de courts métrages destinés aux jeunes créateurs.

«Les avis sont partagés (sur les quotas , NDLR) , est ime Isabelle Hayeur. Tout le monde s'entend pour dire qu'il y a un problème, mais le mot quota fait peur. Nous, on veut faire remarquer que sans quotas, il n'y aurait pas de cinéma en français ni de jeunes réalisateurs. C'est sûr qu'il faut qu'il y ait une concertation du milieu.»

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Pour en savoir plus : www.realisatrices-equitables.org