L'obsession des actrices à rester jeunes, leur désir de reconnaissance, d'être aimées et regardées: tels sont quelques-uns des thèmes abordés par la réalisatrice française Maïwenn dans son deuxième film, Le bal des actrices, qui sort vendredi au Québec.

En s'appuyant sur une pléiade de talentueuses comédiennes françaises de tous âges, elle réussit, entre fiction et documentaire, à traiter ces questions avec beaucoup d'humour, de fantaisie et d'autodérision.

Tout au long du long métrage, on suit Maïwenn qui suit elle-même, l'une après l'autre, toutes les actrices du film, qui ont chacune des problèmes différents (réels ou non). Elles les racontent par des mots, mais aussi à travers des chorégraphies agrémentées de chansons, particulièrement savoureuses, qui jalonnent le film. On notera notamment le duo insolite, tout en contrastes, entre Joey Starr et Charlotte Rampling, ou encore Karin Viard confiant dans une chanson qu'elle perd tous ses moyens en parlant anglais.

On suit aussi une Karin Viard en train de traire une vache, ronchonnant, pour les besoins (fictifs) d'un film de Bertrand Blier dans lequel elle est censée jouer, le tout sous la caméra de Maïwenn, qui est elle-même filmée...

??un autre moment, on découvre une Muriel Robin excédée de ne pouvoir jouer que des rôles comiques, et qui ferait n'importe quoi pour tourner dans une tragédie.

Mélanie Doutey, avec son sourire contagieux, incarne une actrice un peu désabusée qui part se ressourcer en Inde, et devient une sorte d'Angelina Jolie. L'ex-mannequin Estelle Lefébure confie qu'elle veut être respectée comme une actrice, et ne pas être seulement la jolie fille de service, alors que Marina Foïs nous avoue qu'elle a des problèmes avec son physique, et qu'elle cherche à y remédier...

Jeanne Balibar, Julie Depardieu, Romane Bohringer, Lin-Dan Pham (De battre mon coeur s'est arrêté) et Karole Rocher (Stella), tout en jouant la comédie, évoquent aussi des choses qui, parfois, leur sont personnelles, ou qui peuvent concerner d'autres actrices. Quelques hommes (rares) se mêlent aussi au casting, notamment Yvan Attal et Joey Starr, qui jouent également plus ou moins leur propre rôle.

Les actrices contactées par Maïwenn ont accepté de se prêter au jeu, à l'exception de quelques-unes qui ont décliné l'invitation. «La plupart des comédiennes se sont engagées sans lire le scénario», raconte même la jeune réalisatrice, insistant sur le fait qu'elle souhaite donner le maximum de liberté à ses acteurs sur le tournage. Ce qui se sent d'ailleurs dans le film. «Je ne veux pas enfermer les acteurs dans un carcan. Donc, sur le plateau, si après avoir lu la scène ils veulent changer certains mots, cela ne me dérange pas!»

Maïwenn, qui parle aussi d'elle à travers les personnages du film, estime qu'«une actrice, c'est une femme à son extrême». «Elle est un peu plus folle que les autres, elle a un peu plus besoin d'amour que les autres. Une femme devient actrice parce que c'est le meilleur moyen d'apaiser un manque affectif», assure-t-elle.

Dans Le bal des actrices, Maïwenn, dont c'est le deuxième long métrage après Pardonnez-moi (2006), commet quelques maladresses, notamment dans le cours d'art dramatique où une élève (Karole Rocher) s'oppose systématiquement (et un peu lourdement) à tout ce qu'enseigne sa professeure, incarnée par Christine Boisson.

Mais dans l'ensemble, la réalisatrice, qui s'appuie sur un scénario solide, surprend agréablement et fait preuve d'une grande liberté de ton. Vient s'ajouter à cela une affiche très originale sur laquelle on voit une partie des actrices du film nues, couchées les unes contre les autres. Au final, on passe un très bon moment à les suivre dans leur quotidien. Le petit jeu consiste à essayer de deviner ce qui est vrai, et ce qui est faux...