Exit les bobines de pellicule 35mm. Les salles de cinéma présenteront leurs films à partir d'un disque dur et peut-être même à partir d'un réseau satellite. Un scénario futuriste? Plutôt à voir bientôt dans un cinéma près de chez vous.

Déjà 28 des 800 salles de cinéma du Québec sont équipées d'un projecteur numérique. Elles sont pour la plupart situées à Montréal, et exploitées par de grands propriétaires comme Cineplex et Guzzo.

L'entreprise montréalaise Vision Globale, spécialisée dans les effets visuels et la postproduction, veut permettre aux plus petits comme aux plus grands exploitants de faire le saut vers le numérique. Elle propose aux propriétaires de leur prêter l'équipement nécessaire, tout en leur offrant du soutien technique.

«Nous pouvons équiper une vingtaine de salles dans les prochaines semaines et 80 dans la prochaine année», a indiqué le président Mathieu Lefebvre, hier. En conférence de presse, Denis Lebel, le ministre d'État responsable de Développement économique Canada, a annoncé une contribution remboursable de 1,375 millions de dollars à Vision Globale, qui investira de son côté 3 millions dans le projet.

Numériser une salle de cinéma coûte environ 100 000 $. Les plus petits exploitants n'ont pas les moyens de transformer toutes leurs salles du jour au lendemain, explique Diane Lemieux, vice-présidente au développement des affaires chez Vision Globale. Emprunter l'équipement à Vision Globale ne coûtera aux exploitants que de 3000 à 4000 $ par année pour une salle, précise l'ancienne ministre.

Seuls les films québécois Cruising Bar 2 et Le dernier continent étaient disponibles en format numérique à leur sortie. «Vision Globale s'assurera que le cinéma québécois soit disponible en format numérique, ici et ailleurs», souligne Mathieu Lefebvre.

Son entreprise a également conclu une alliance avec les Locations Michel Trudel afin de produire ce qu'on appelle «du contenu alternatif» québécois, soit des concerts et des événements sportifs. Les projecteurs numériques permettent la retransmission d'événements spéciaux, de même que la projection de films 3D, de plus en plus populaires à Hollywood.

En 2005, la projection numérique a été standardisée grâce à un accord mondial, à l'initiative des majors américains regroupés dans le DCI (Digital Cinema Initiative). La projection numérique comporte plusieurs avantages, dont la qualité de l'image et du son, ainsi que l'absence d'usure et le faible coût de multiplication des reproductions du film.

D'ici quelques années, les copies de films seront plus rares que les fichiers numériques. Tant que la conversion des salles ne sera pas terminée, Vision Globale continuera toutefois de distribuer les deux formats.