Depuis toujours, Maïwenn rêvait de traverser le miroir, telle la petite Alice de Lewis Carroll, pour découvrir les actrices et leur monde... pas toujours si merveilleux finalement. «J'ai fait un film sur leur quotidien, sans tricherie, en faisant croire que tout est plus vrai que vrai», précise-t-elle, au sujet de son faux documentaire au parfum de comédie musicale, Le bal des actrices.

Maïwenn Le Besco, 33 ans, qui préfère se faire appeler tout simplement Maïwenn, est elle-même actrice - elle a débuté, enfant, dans L'été meurtrier, en 1983 - , mais sa carrière derrière la caméra a pris de plus en plus de place au fil des ans. Son premier long-métrage, Pardonnez-moi, sorti en 2006, lui a valu une nomination aux César du meilleur espoir féminin et du meilleur premier film.

Avec Le bal des actrices, l'ex-compagne de Luc Besson (dont elle a eu un enfant) pousse son attachement et son admiration pour les actrices dans ses derniers retranchements, en cherchant à saisir sur le vif la fausse/vraie vie d'une poignée d'entre elles. À peu près toutes celles qu'elle a approchées - Karin Viard, Marina Foïs, Jeanne Balibar, Julie Depardieu, Romane Bohringer... - se sont prêtées au jeu.

Affiche osée

Avec sa caméra qui s'insinue partout - dans la chambre à coucher, chez le coiffeur, sur les plateaux de tournage... - , Maïwenn amène le spectateur à découvrir l'envers de la célébrité. Les actrices étalent leurs états d'âme, mélange étonnant de fragilité, de démesure, de contradictions et de besoin de reconnaissance.

«J'ai écrit les rôles sur mesure pour elles. Leur accord était donc indispensable pour que le film se fasse. Mais les convaincre, contrairement à ce qu'on pourrait croire, a été la chose la plus facile au monde», explique Maïween, dans une entrevue téléphonique au Soleil. «Ç'a été plus difficile de vendre l'affiche au distributeur», ajoute-t-elle, un sourire dans la voix, au sujet des vedettes de son film, photographiées dans le plus simple appareil, leurs corps entremêlés.

Les chansons et chorégraphies qui émaillent Le bal des actrices apportent une légèreté que revendique haut et fort Maïwenn. Plusieurs chanteurs et compositeurs français ont sauté dans l'aventure : Marc Lavoine, Joey Starr, Anaïs, Nina Morato... «Ça allait de soi dès le départ. Vous savez, on a toutes un p'tit côté petite fille...»

Moins chiantes

Maïwenn souhaite que son film apporte une autre image des actrices, souvent dépeintes avec un côté prima donna, des ego démesurés et une obsession pour leur apparence. «En général, les actrices sont beaucoup moins chiantes et plus simples que l'image qu'on s'en fait. C'est vrai qu'on devient souvent actrice pour combler quelque part un besoin d'être aimé. En tout cas, celles qu'on voit dans le film aiment s'amuser. Il régnait sur le plateau une ambiance de colonie de vacances.»

Mais au-delà des clichés, la cinéaste a surtout l'impression d'avoir livré un film qui parle de la condition féminine. «Après une projection, en France, un homme est venu me voir pour me dire qu'il n'avait pas vu un film sur les actrices, mais sur les femmes, et qu'il avait maintenant l'impression de mieux les comprendre. Ça m'a fait chaud au coeur.»