Jean-Pierre Darroussin s'est spécialisé, au cours d'une imposante filmographie qui court depuis plus de 30 ans, dans les personnages d'hommes torturés sous des apparences tranquilles et débonnaires.

Dans Les grandes personnes, premier long-métrage de la cinéaste Anna Novion, Darroussin ajoute un autre rôle de cette farine, dans un registre léger toutefois.

Albert, en l'occurrence, un père suprotecteur en visite en Suède avec sa fille de 17 ans, Jeanne (Anaïs Demoustier) qui, après une une erreur dans la réservation de son logis de vacances, verra débarquer deux femmes dans sa vie, dont Christine (Judith Henry).

En entrevue au Soleil, dans un hôtel parisien de la Place de l'Opéra, le comédien de 55 ans avoue qu'il s'est tout de suite senti interpellé à la lecture du scénario d'Anna Novion.

«Ç'a été une découverte. J'ai été immédiatement séduit par les personnages, par la proposition de voyage faite à travers cette histoire. J'ai trouvé que c'était très bien écrit. Petit à petit, l'histoire se révèle et l'âme des personnages émerge à travers de petites situations très justes du quotidien.»

À la limite du burlesque

De son personnage d'Albert, un bibliothécaire un peu frustré ayant le don de toujours vouloir organiser la vie de cette adolescente qu'il élève seul, Darroussin retient surtout le côté enfantin, malgré son côté freak-control. Albert est même débarqué en Suède avec son détecteur de métaux afin de trouver l'endroit où se cacherait un fabuleux trésor viking...

«Il y a des situations très légères, à la limite du burlesque, avec cette histoire de trésor. Albert est quelqu'un d'assez enfantin, mais en même temps de très rigide. Il veut tellement être un père organisateur et protecteur. Il faut dire aussi qu'il joue le rôle du père et la mère en même temps, car la mère est partie très loin. C'est lui qui assure totalement l'éducation de sa fille. Les deux ont presque un rapport de couple. Ils sont des piliers l'un pour l'autre. Jusqu'au moment où chacun va devoir trouver son autonomie et s'éloigner de l'autre. C'est inéluctable.»

Le vétéran acteur, révélé au grand public en 1997 dans Un air de famille, partage l'écran avec une jeune étoile montante du cinéma français, Anaïs Demoustier, lauréate du César du meilleur jeune espoir féminin pour ce rôle. Darroussin ne tarit pas d'éloges envers l'actrice de seulement 21 ans, encore peu connue de ce côté-ci de l'Atlantique.

«Elle possède cette qualité fondamentale de pouvoir exprimer plein de sentiments sans avoir à dire quoi que ce soit. On regarde son visage et on comprend tout de suite ce qui se passe dans la tête de son personnage. C'est totalement flui-de et limpide. C'est quelqu'un qui a beaucoup de grâce.»

Séjour apaisant en Suède

Le tournage des Grandes personnes a mené Darroussin dans les paysages de la Suède, le pays natal de la mère d'Anna Novion, où habitent encore ses grands-parents. Ce séjour lui a fait le plus grand bien et  lui a permis de s'aérer l'esprit.

«Je m'y suis tout de suite senti très bien, avoue Darroussin. Les Suédois sont des gens très civilisés qui possèdent une grande notion de partage. Ils n'empiètent pas sur leur voisin, pas plus qu'ils ne cherchent à l'épater. Il n'y a pas chez eux cet esprit de compétition et de concurrence. Ils ont de grosses voitures, mais roulent doucement, sans râler. C'est très apaisant par rapport à la vie parisienne...»

Les frais de déplacement et de séjour à Paris ont été payés par Unifrance.