La conservation, c'est sa passion. Depuis 35 ans, Pierre Véronneau travaille à la Cinémathèque québécoise. Aujourd'hui directeur des collections, il est à la tête de l'imposant trésor de l'institution du boulevard De Maisonneuve: 48 000 films et enregistrements magnétoscopiques, près de 30 000 affiches, 600 000 photos et 14 500 scénarios.

Il était conservateur du cinéma québécois et canadien, le voilà aujourd'hui directeur des collections, un poste tout nouveau créé ce printemps. «Depuis moins d'un an, la Cinémathèque a scindé ce qui était alors sous le même chapeau: la gestion et la conservation», explique calmement M. Véronneau.

Pierre Véronneau a pour tâche, aujourd'hui, d'inventorier, de répertorier les collections de la Cinémathèque. «Depuis 1963 (année de la création de la Cinémathèque), on a accumulé du matériel, parfois plus que ce que l'on peut traiter: on a des problèmes d'inventaire et il reste énormément à faire.»
Il suffit de s'entretenir avec Pierre Véronneau pour prendre conscience de l'énormité, mais aussi de la complexité de la tâche qui l'attend: trouver une cohésion dans les acquisitions de la Cinémathèque, classer les nombreux éléments non répertoriés. «On en a des milliers. Souvent, dans le passé, on accumulait trop le capital, comme dirait Marx», s'amuse-t-il.

«Il faut avoir une certaine cohésion dans les archives: on n'en est pas à ramasser n'importe quoi. La priorité, c'est le cinéma d'animation et le national. Ce sont les deux priorités depuis le début de la Cinémathèque. Vu la quantité énorme de ce qui est produit, il faut faire des choix.»

Bousculés par la croissance de l'internet, les centres d'archives et musées se plient à cette nouvelle exigence du XXIe siècle, rendre accessibleS leurs catalogues voire l'ensemble de leurs collections aux internautes et chercheurs du monde entier. Pour les 13 employés aux collections de la Cinémathèque, c'est une mission titanesque qui relève tant du défi juridique (pour les droits d'auteur) que du défi technique.

«Il faut faire des examens techniques pour connaître l'état (des films et vidéos de la Cinémathèque)», précise M. Véronneau. Et contrairement à une idée reçue, ce n'est pas du côté de la pellicule que les choses pressent, mais bien du côté de la vidéo. «La vidéo demande une migration plus urgente que le film», dit-il.

Les problèmes de la vidéo

Si la pellicule a connu ses problèmes avec le nitrate et l'acétate, aujourd'hui, le polyester garantit une stabilité de conservation. «Par contre, la vidéo, c'est l'horreur», estime M. Véronneau. Après de nombreuses mutations, la vidéo souffre aussi de l'obsolescence progressive des machines permettant de lire ses formats.

La solution, bien sûr, serait de faire «migrer» les contenus vidéo vers le numérique. «Malheureusement, au Québec et au Canada, il n'y a pas de plan pour prévoir des migrations. Et sans migration, il n'y a point de salut pour ce qui est technologique», soutient-il.

Pourra-t-on, dans 25 ans, voir des vidéos de Tout le monde en parle? Sans transfert numérique, rien n'est moins sûr. Optimiste, Pierre Véronneau nuance toutefois: «On n'est pas découragés, on pense convaincre des gens que le travail que l'on fait va servir», dit-il.

Dans quelques semaines, deux nouveautés apparaîtront sur l'internet. Tout d'abord, un répertoire audiovisuel du Québec, hébergé sur un nouveau site. L'internaute pourra y retrouver toutes les informations concernant un film, notamment la cote attribuée par la Régie du cinéma et la fréquentation en salle, grâce à l'Institut de la statistique du Québec.

Sur le site de la Cinémathèque québécoise, ensuite, on pourra bientôt rechercher dans toutes les collections, du scénario à la copie vidéo en passant par les photos, les affiches de film, etc. «On essaie d'offrir une large accessibilité», affirme Pierre Véronneau.

Visitez le site de la Cinémathèque québécoise: www.cinematheque.qc.ca