Ils ne sont pas là pour juger. Ils l’ont tous répété. Qu’on se le tienne pour dit. Le hic, c’est que, ben voilà, ils forment le jury de la compétition officielle du Festival de Cannes… C’est à eux qu’incombe la délicate tâche d’établir un palmarès en fin de parcours, et de déterminer lequel, des 20 films qu’ils auront vu, mérite le plus la Palme d’or.
   
Sauf qu’à les entendre, on a l’impression qu’ils y vont tous à reculons, comme si quelqu’un les y avait contraints. Jugez par vous-même… «Nous ne sommes pas ici pour juger, mais pour aimer les films», a déclaré d’emblée en conférence de presse la présidente du jury, Isabelle Huppert. Le ton était donné.
   
> Écoutez les commentaires de Marc Cassivi
> Voyez nos photos de la journée

«Juger a pour moi une connotation négative, a renchéri l’actrice américaine (et compagne du précédent président, Sean Penn) Robin Wright Penn. Nous réagirons tous différemment. Nous serons en désaccord parfois. Mais il faudra voir quelle oeuvre nous fait vibrer le plus.»

«Je suis terrifié à l’idée de devoir juger le travail des autres, a de son côté confié le réalisateur James Gray (The Yards, Two Lovers). J’ai accepté d’être sur le jury pour des raisons très personnelles. La dernière fois que j’ai vu 20 films en 10 jours, je devais avoir 19 ans. C’est très égoïste. J’en suis désolé.»

Mais encore? «Je ne me fais pas confiance. Plusieurs fois, j’ai trouvé un film ennuyeux la première fois pour ensuite le trouver génial», dit Nuri Bilge Ceylan. Rassurant. «Je ne suis pas sûr d’avoir les compétences nécessaires pour juger d’un film», a avoué le réalisateur Lee Chang-Dong. OK…

«Les prix sont une très mauvaise idée, jusqu’à ce qu’on en reçoive un», a résumé Hanif Kureishi (auteur du scénario de My Beautiful Laundrette).

Bon ben coudonc, comme dirait l’ami Lussier. On a hâte de voir le résultat de ce que le président du Festival, Gilles Jacob, qualifie de «purgatoire».

L’expression trop utilisée

«Yes We Cannes». Les médias locaux ont beau l’avoir servie à toutes les sauces, les Français la trouvent encore drôle. Comment disait Sofia Coppola déjà? Ah oui: «Lost in Translation.»

Entendu

Un monsieur bourru d’une soixantaine d’années, le visage empourpré, déguisé en Donald Duck, la tête de canard surdimensionnée sous le bras, se vexant que certaines personnes ne soient pas plus courtoises avec lui. «Je reste poli, moi. Pourquoi n’en font-ils pas autant?» Je ne sais pas, en effet, d’où vient cette envie irrépressible de frapper une mascotte…

Vu

Quantité de gens, avant l’ouverture officielle du Festival, quêtant des billets pour la première mondiale de Up avec des pancartes «Une invitation S.V.P.». Afin de mettre toutes les chances de leur côté, ils étaient tous en smoking ou robe de soirée. Bien des cinéphiles chics qui se sont finalement déguisés pour rien.