Looking for Eric, du cinéaste britannique Ken Loach, dans lequel l'ex-footballeur français Eric Cantona incarne son propre rôle, était présenté en compétition au Festival de Cannes, lundi. Un film drôle et original qui plonge le spectateur dans le quotidien d'un postier britannique dépressif, supporter de Manchester United, rasséréné par son idole, Cantona.

Eric Bishop (encore un Eric...), incarné par Steve Evets, vit avec ses deux beaux-fils qui se livrent à différents trafics. Il n'arrive plus à les contrôler et, malgré l'amitié de ses collègues postiers, il ne semble pouvoir confier ses soucis qu'à l'affiche géante d'Eric Cantona, son idole, qu'il a collée dans sa chambre. Réalité ou hallucination? L'ex-star de Manchester United apparaît soudain devant lui, en chair et en os, et tente de l'aider à reprendre sa vie en mains.

«Looking for Eric» a été très applaudi par les festivaliers, et les journalistes se sont bousculés pour faire des photos et obtenir des autographes d'Eric Cantona lors d'une conférence de presse à laquelle il a participé.

L'humour a beaucoup plus de place dans ce film que dans les précédents longs-métrages de Ken Loach, aux thèmes sociaux chargés, notamment «It's a Free World» (2007) et «Le Vent se lève», pour lequel le cinéaste britannique a obtenu la Palme d'or en 2006.

«Nous avons pensé qu'il était préférable de mettre un sourire sur nos visages», a expliqué Ken Loach, tout en remarquant qu'«une comédie, après tout, c'est une tragédie qui finit bien». Le cinéaste britannique, qui est un grand amateur de football, a souligné le caractère fédérateur du sport. «A part le nationalisme du football, le nationalisme n'est pas une très bonne chose. Je pense qu'il est très important de vivre des moments de passion dans notre vie», a-t-il observé, en remarquant ainsi qu'«on a toujours l'espoir» dans un match.

Eric Cantona, icône des Red Devils dans les années 1990, a confié pour sa part qu'il était «très particulier» de jouer son propre personnage et qu'il avait «vécu des pressions avant le tournage» inhabituelles pour lui.

Interrogé sur la façon de diriger de Ken Loach par rapport à Alex Ferguson, le manager de M.U, Eric Cantona a assuré qu'ils étaient «très similaires», dans le fait qu'ils sont capables de «tirer 100% des acteurs ou des joueurs». Ils «ont tiré le maximum de ce que je pouvais donner», a-t-il précisé, en notant aussi qu'ils avaient tous les deux «beaucoup d'humilité».
«La grande difficulté, c'est de durer de match en match, de film en film. Ken est là depuis des années, Ferguson pareil», a-t-il poursuivi. «C'est d'abord des grands hommes, et c'est pour moi l'essentiel.»

L'humour du film de Ken Loach vient notamment d'Eric Cantona, qui multiplie les aphorismes pour motiver le postier dépressif, lâchant notamment un cultissime: «Je ne suis pas un homme, je suis Cantona». «J'aime jouer avec moi-même et rire de moi-même. C'est important, c'est une arme», a confié l'ex-footballeur, qui est également impliqué comme producteur délégué dans le film de Ken Loach.

«Le football était un jeu, le cinéma est un jeu, la vie est un grand jeu», a-t-il lancé, en expliquant qu'il avait arrêté le football à 30 ans parce qu'il avait perdu sa passion pour ce jeu. Depuis, il s'est notamment tourné vers le cinéma, avec des rôles dans des films tels que «Les Enfants du marais», «L'Outremangeur» ou «Le Deuxième Souffle». «Ca fait 12 ans que je vis cette passion», a-t-il déclaré, tout en sachant, comme Ken Loach, garder une certaine humilité. «C'est aux gens de dire si je suis un acteur ou pas.»

Ce mardi, les festivaliers pourront voir le dernier Pedro Almodovar, «Etreintes brisées» avec Penelope Cruz, et «Vincere» de l'Italien Marco Bellocchio.