Le rocambolesque Inglourious Basterds, dévoilé mercredi au 62e Festival de Cannes, «tarantinise» l'Histoire au fil d'un western à la Sergio Leone sur la Seconde Guerre mondiale, où un commando juif américain sème la terreur chez les nazis, s'en prenant même à Hitler.

Plus discrète, l'arrivée d'Alain Resnais, venu à 86 ans montrer Les herbes folles un demi-siècle après Hiroshima mon amour, a elle aussi réjoui les cinéphiles. Avec ses fidèles comédiens Sabine Azéma et André Dussolier à l'affiche, ce long métrage adapté du roman L'incident de Christian Gailly a fait souffler un vent de fantaisie et de légèreté sur la Croisette.

Les crépitements des flashes ont salué la pluie de stars réunies par Inglourious Basterds, une production américaine atypique: en majorité européens, ses acteurs y parlent davantage allemand et français qu'anglais.

L'Américain Brad Pitt y donne en effet la réplique aux Allemands Diane Kruger et Daniel Brühl, à la Française Mélanie Laurent, au Britannique Michael Fassbender et à l'Autrichien Christoph Waltz extraordinaire en brute SS, sous des dehors suaves et policés.

Très attendue, la première projection en avant-première mondiale, le matin pour la presse, a provoqué un afflux inédit.

Dans une époustouflante ouverture en forme d'hommage à Il était une fois dans l'Ouest, Tarantino transforme la campagne française - une ferme isolée, une verdoyante clairière... - en décor de western.

Rythmée, comme tout le film, par des thèmes composés par Ennio Morricone et bourrée de suspense, cette scène montre un officier SS, le colonel Hans Landa (Christoph Waltz) interrogeant un fermier qui abrite sous son plancher une famille juive.

Elle donne le ton d'un long métrage où la violence ébouriffante, l'humour et le lyrisme échevelé qui caractérisent l'univers de Tarantino, mais aussi les codes du western spaghetti qu'il adore, contribuent à revitaliser le genre du film de guerre, voire le sous-genre du «film de mission».

On y suit un groupe de soldats juifs américains dirigés par le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) qui, pour démoraliser l'ennemi, se livrent à de sanglantes opérations commando, lors desquelles ils scalpent les nazis qu'ils ont tués.

Alliés à un agent secret, l'actrice allemande Bridget von Hammersmark (Diane Kruger), ils ont pour objectif d'éliminer les leaders du IIIe Reich.

De son côté, une jeune Française (Mélanie Laurent) propriétaire d'un cinéma, rêve de venger la mort de sa famille, exécutée par le colonel Landa.

Au fil d'aventures rocambolesques dont l'épilogue réécrit l'Histoire, ils vont fomenter l'attentat spectaculaire qui mettrait un terme à la Seconde guerre mondiale.

Attendu en salles le 19 août en France et le 21 aux États-Unis et au Canada, ce long métrage qui emprunte son titre à un film de 1978 tourné par Enzo Castellari (brièvement à l'écran), est un projet de longue haleine pour Tarantino qui en a débuté l'écriture il y a dix ans.

Depuis des mois, il avait dit vouloir le dévoiler à Cannes, cravachant ces dernières semaines pour le terminer à temps. Les comédiens du film devaient le découvrir lors de la projection de gala, dans la soirée.

«C'est toujours un rêve d'être à Cannes, il n'y a rien d'aussi bien que Cannes sur cette planète pour un réalisateur, j'ai déjà dit que ce sont les Jeux olympiques du cinéma, le nirvana du cinéma!» s'est écrié Tarantino.

«Toute la presse mondiale (...) jusqu'au Groënland est là, tout le monde voit le film en même temps et l'apprécie ou pas, c'est comme si le lapin était sorti du chapeau», a poursuivi le cinéaste.