La première fois qu'on lui a proposé d'adapter le premier tome de la trilogie Millenium, Niels Arden Oplev a refusé, convaincu qu'il n'était pas un réalisateur de thriller. Ce n'est qu'après avoir lu les livres et obtenu l'assurance d'une entière liberté artistique qu'il a décidé de sauter dans l'aventure.


«J'ai fait l'objet de plusieurs demandes pour tourner le premier volet, avoue le réalisateur suédois. Pour moi, c'était important de pouvoir le faire dans un contrôle artistique total, sinon j'aurais encore dit non. J'ai fini par lire les livres et j'ai alors su que ça pouvait faire un projet de film très excitant. En même temps, ça me donnait aussi beaucoup de pression car les attentes étaient énormes.»

Le résultat n'a pas tardé à se faire sentir. À son grand bonheur. Sorti le 18 septembre, l'adaptation des Hommes qui n'aimaient pas les femmes est d'ores et déjà le plus grand succès commercial cinématographique scandinave, avec près de trois millions d'entrées.

Oplev, qui vit maintenant aux États-Unis, confie au Soleil que la première version du scénario ne lui convenait pas. Il en a demandé une nouvelle, écrite cette fois par deux auteurs scandinaves. Le réalisateur voulait surtout retrouver tous les petits détails qui avaient séduit les lecteurs.

Sans être une copie carbone du roman, le film lui est resté assez fidèle dans les grandes lignes, sauf dans la hiérarchie des personnages. «Dans le livre, Mikael Blomkvist est le personnage principal et Lisbeth Salander, un personnage secondaire. Dans le film, je les place sur un pied d'égalité.»

Énergie noire

Le réalisateur se félicite d'avoir choisi la jeune Noomi Rapace pour incarner la rusée collaboratrice de Blomkvist. «Elle a une telle énergie noire, comme celle qui émane du personnage. Elle fait penser à une bombe à retardement. Elle rend son personnage totalement imprévisible. Avec elle, le spectateur se dit : «Mon Dieu! Que va-t-il arriver ensuite...» Elle est à la fois séduisante et divertissante.»

Il ajoute : «Son personnage est intéressant en ce sens que Lisbeth refuse de jouer à la victime même si elle a subi un viol. C'est quelqu'un de très fort auquel les femmes peuvent s'identifier.»

Malgré le plaisir éprouvé à tourner le premier volet d'une série culte, Oplev a refusé de s'engager pour les deux autres. Le tournage l'a laissé les piles complètement à plat.

«Le tournage a duré deux mois et la première version du film durait trois heures 42 minutes. Il a fallu élaguer en post-production. Or, les tournages devaient s'enchaîner. Ça me demandait trop d'énergie, je crois que je me serais suicidé si j'avais dû faire les deux autres...»

C'est le réalisateur Daniel Alfredsson qui a pris la relève. Les deux autres tomes, déjà en boîte, prendront l'affiche en Suède, respectivement en septembre (La fille qui rêvait d'un bidon d'essence et d'une allumette) et novembre (La reine dans le palais des courants d'air). La date de sortie nord-américaine n'est pas encore connue.