Jack Black et Michael Cera en hommes de Neandertal voyageant au pays de Caïn et Abel? Il fallait Harold Ramis, l'homme qui a imaginé les personnages de Ghostbusters, pour penser à ça. Résultat: Year One. Conversation avec un réalisateur à l'écoute du temps et des gens.


Harold Ramis a été élevé dans la foi juive. Il a plusieurs copains bouddhistes et un grand ami qu'il qualifie de rabbin progressiste. Mais lui, ne pratique pas. À la suite des attentats du 11 septembre 2001, il s'est toutefois mis à lire, beaucoup, sur l'histoire des religions. À réfléchir là-dessus. À discuter, entre autres de cette nouvelle guerre des religions qui se dessine entre le monde judéo-chrétien et le monde musulman.

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Et quand, comme lui, on donne dans la comédie depuis 40 ans (il a écrit les scénarios de Groundhog Day et autres Caddyshack; et participé à celui de Ghostbusters, dans lequel il a aussi joué), ça peut déboucher sur... Year One. L'histoire de deux hommes de Neandertal maladroits et paresseux qui sont expulsés de leur village, décident de se rendre là où le monde se termine - et se retrouvent dans les premières pages de la Bible, en compagnie de Caïn, Abel, Adam, etc.


Mel Brook avait exploré la piste dans The 2000 Year Old Man. Les Monty Pythons, dans Life of Brian. «J'ai eu le désir, à mon tour et à ma manière, de placer des gens ayant un esprit contemporain sur les routes de l'histoire «factuelle» mêlée à l'histoire biblique», explique Harold Ramis, joint au téléphone à Los Angeles.


Les «gens» en question, ce sont surtout les deux exilés, Zed et Oh, qu'incarnent Jack Black et Michael Cera. «Jack et moi avons travaillé ensemble sur Orange County. J'ai alors découvert un homme extraordinaire et très agréable sur le plateau comme en dehors. Il était facile pour moi de le voir dans le rôle de Zed», fait le cinéaste. Qui, par contre, ne connaissait Michael Cera que pour sa prestation dans Arrested Development. C'est Judd Apatow, coproducteur de Year One, qui lui a montré Superbad. «Et là, j'ai bien vu qu'il avait tout ce qu'il faut pour incarner Oh.»


Et, plus que ça, pour former un formidable tandem comique avec Jack Black. «Déjà physiquement, ils représentent des types différents. Jack, c'est une marionnette humaine, un personnage de bande dessinée en chair et en os. À côté de lui, Michael semble très... réel, normal. Jack est tout en appétits et en impulsion alors que Michael est en prudence et en timidité. Ça servait bien le film, ce contraste entre celui qui s'imagine être l'Élu ayant un destin grandiose et celui qui est complètement terrifié, aux prises avec des débats existentiels.»


Ça a aussi servi le tournage, semble-t-il, où la gravité n'était pas particulièrement de mise. Harold Ramis est, en partie, responsable de cet état d'esprit: «Je suis du genre calme et relax. Je laisse les choses venir, je travaille dans une ambiance créative plutôt que critique.»


Il est également à l'écoute. De ses troupes, qu'il laisse improviser. Des spectateurs, dont il tient compte du jugement. Ainsi, lors d'une projection test, certains ont trouvé étrange que Sodome, où se termine le film, ne soit pas détruite par la colère de Dieu. «Cette critique nous a ébranlés et nous avons écrit et tourné une autre fin.»


Il existe donc deux finales à Year One. L'une qu'Harold Ramis qualifie de «finale Obama» et l'autre, qu'il appelle «finale Bush». Les deux seront sur le DVD. À l'écran? Ceux qui iront, verront.


Year One (L'an un en version française) prend l'affiche aujourd'hui.