Fantasia voulait élargir sa palette. Il a réussi. Loin du «trip d'initiés» qu'il était à ses débuts, le festival de cinéma le plus spectaculaire d'Amérique du Nord est devenu une immense usine à films de genres, toutes catégories confondues.

Horreur, fantastique, arts martiaux bien sûr, mais aussi comédies, science-fiction, érotisme et films documentaires.

Plus de 115 longs métrages d'Asie, d'Europe, des États-Unis, du Canada et du Québec seront présentés pour la 13e présentation de Fantasia, qui aura lieu du 9 au 29 juillet prochains. Dévoilée hier, cette affolante programmation a tout d'un monstre à plusieurs têtes - ce qu'elle est en vérité, puisqu'elle a été élaborée par une dizaine de personnes!

 

Par quel bout la prendre? Telle est la question. Ce qu'on sait, c'est que le Japon sera à l'honneur, avec plus de 30 films au menu. Parmi ceux-ci Yatterman, de Takashi Miike, adaptation de manga aux accents «psychédéliques et rétro-kitsch» qui ouvrira officiellement le festival. Commanditée par la Cinémathèque québécoise, une section complète sera par ailleurs consacrée aux «pinku», nom donné à l'industrie du cinéma érotique nippon depuis le début des années 60.

Hong-Kong ne sera pas en reste, puisqu'on soulignera les 100 ans de cette industrie cinématographique unique, avec la présentation de deux films d'arts martiaux, le drame historique IP Man et le nouveau Jet Li, The Warlords.

Côté horreur, mentionnons The Embodiement of Evil, de l'octogénaire José Mojica Marins. Ce maître brésilien du genre, qu'on présente comme un mélange entre Dali, Jodorwoski et le marquis de Sade viendra en personne pour présenter son brûlot satanique.

Soulignons par ailleurs la projection de Book of Blood et Dread, deux films tirés des livres de l'écrivain Clive Barker et la première nord-américaine de Thirst, du Sud-Coréen Park Chan Wook, prix du jury au dernier festival de Cannes.

Un autre genre d'horreur, réel celui-là, prendra la forme de deux documentaires sur la famille White, un clan de hors-la-loi consanguins du Sud profond. The Wild and Wonderful Whites of West Virginia a été produit par Johnny Knoxville et Jeff Tremaine (Jackass), alors que White Lightin' a été écrit par le Montréalais Shane Smith, cofondateur du magazine Vice.

Signalons pour finir le nouveau long métrage de Robin Aubert intitulé À quelle heure le train pour nulle part, premier de neuf films québécois 100 % indépendants projetés pendant le festival.

À noter que le jury section longs métrages sera composé de la comédienne Sophie Cadieux, des réalisateurs Jean-François Rivard (Les invincibles) et Jean-Philippe Duval (Dédé à travers les brumes) et du groupe Malajube au grand complet.

Fantasia, du 9 au 29 juillet. Infos: www.fantasiafest.com

 

Surplace financier

Les organisateurs de Fantasia devront attendre encore. Le festival recevra cette année 110 000 $ du gouvernement du Québec, la même somme que l'an dernier. La crise, leur fait-on savoir. L'événement, qui a attiré un record de 91 000 spectateurs l'an dernier, peut difficilement croître sans une augmentation de ses subventions. «La croissance ne peut pas se faire, affirme le directeur et fondateur, Pierre Corbeil. C'est dommage parce que nous sommes des leaders en Amérique du Nord, mais pour combien de temps encore?»

Mario Cloutier