Les «vues» se suivent mais ne se ressemblent pas pour Robin Aubert.

Après Saint-Martyrs des Damnés, film d'horreur fantastique à gros budget, le comédien-cinéaste lance À quelle heure le train pour nulle part, un film d'auteur réalisé en Inde avec trois bouts de ficelle (35 000$) et un seul acteur principal.

Le principal intéressé estime qu'en dépit des apparences, les deux long métrages ne sont peut-être pas si éloignés l'un de l'autre. «Ce sont deux films sur l'identité, où je joue avec les doubles, dit-il. Dans ce sens-là, le second est un peu le petit frère du premier.»

Présenté demain soir en première officielle au Festival Fantasia, À quelle heure le train pour nulle part raconte la quête existentielle d'un homme (Luis Bertrand), qui part au pays de Ghandi à la recherche de son frère jumeau. À moins que ce ne soit de son double. Ou de lui-même. Ou encore «toutes ces réponses», comme le suggère Robin Aubert.

Chose certaine, on nage ici dans l'oeuvre d'auteur la plus totale. Le film a été improvisé sur place, sans scénario véritable, sur une période de cinq semaines. On pourrait passer des heures à tenter de comprendre ce long poème visuel, ponctué de moments de grâce et jalonné de personnages insolites, joué par des comédiens amateurs rencontrés au fil du périple, parfois étonnants de vérité. Mais le fait est que le cinéaste a préféré les zones grises à l'explicite.

«Je suis conscient des limites scénaristiques de mon histoire, souligne-t-il. Mais je n'ai pas fait ce film pour le grand public et l'intelligentsia. Je l'ai fait pour une poignée d'hurluberlus qui sont capables de voir à travers les sens. Le sonore, l'image, l'olfactif. En gros, c'est un film sensoriel.»

À quelle heure le train pour nulle part sera, selon Aubert, le premier d'une «quinqualogie» qui doit se dérouler sur cinq continents. Chaque film sera construit autour de l'improvisation, de l'immédiateté et des rencontres spontanées. Une façon comme une autre, dit-il, de renouer avec l'exercice de la Course destination Monde, qui l'a mis au monde en 1997-1998.

En attendant le deuxième volet, dont il préfère ne pas parler tout de suite, le cinéaste prendra la prochaine année pour achever la production d'un autre long métrage, beaucoup plus ambitieux celui-là, dont il vient tout juste d'achever le tournage sur la Côte-Nord.

Produit par Max Films (Roger Frappier) avec 4 millions de dollars, À l'origine d'un cri met en vedette Jean Lapointe, Michel Barrette et Patrick Hivon et raconte l'histoire d'un homme torturé par le chagrin, qui déterre sa femme décédée afin de s'enfuir avec le corps.

Peu importe le budget, Robin Aubert ne fera jamais les choses comme les autres...

À quelle heure le train pour nulle part, demain 22h Salle J.-A. De Sève, 1400 Maisonneuve O.

Le Québec à Fantasia

Fantasia, c'est du fantastique, mais ce n'est pas seulement de l'Asie. Cette année, huit films québécois sont présentés en grande première au festival, pour le meilleur et pour le cri. Nos suggestions.

La marque

Plus de 10 ans après avoir commis un meurtre, Raphaël reste traumatisé par son acte. Son passé l'obsède et le rattrape. Le programme du festival présente La marque comme un mélange de «suspense, de scènes-choc et de moments de grande tension dramatique», incluant quelques effets spéciaux dignes de mention. Écrit et réalisé par Jonathan Barbe.

> Lundi 20 juillet, 13h Salle J.-A De Sève

Crawler


Un bulldozer maléfique écrabouille les innocents. Un joyeux mélange de film de monstres et de film de véhicules meurtriers réalisé par Sv Bell, «champion provincial du film d'horreur».

> Vendredi 24 juillet, 23h30 Salle J.-A De Sève

Sans dessein

Un «loser» endurci est pris en charge par son propre fantôme. Sa vie passe de néant à géant et du jour au lendemain, toutes les filles sont à ses pieds. Laquelle choisira-t-il? Sous ses airs parfois amateurs, ce film bien ficelé se laisse écouter jusqu'au bout. Signé Caroline Labrèche et Steeve Léonard.

> Samedi 25 juillet, 15h40 Théâtre Hall

The Ante

Une route, un meurtre, une prime d'assurances... Réalisé en format 35 mm, ce «tour de force visuel» de Max Perrier serait ni plus ni moins qu'un «miracle de petit budget». Intrigant.

> Dimanche 26 juillet, 21h Salle J.-A De Sève