Même avec la peau noire et une coupe afro, Valérie Lemercier ne passe pas inaperçue. Elle en a fait l'essai pendant le tournage d'Agathe Cléry. «Une fois, je suis allée dîner avec mon maquillage et mes cheveux frisés, on m'a tout de suite reconnue. C'est mon nez qui parle avant moi. On le voit avant ma peau...»


La comédienne de 45 ans, inoubliable interprète de Béatrice de Montmirail dans Les visiteurs, raconte cette anecdote de tournage du film d'Étienne Chatiliez, au sujet de son personnage blanc aux prises avec une transformation extrême involontaire qui le fera devenir noir.


«C'est le film qui m'a pris le plus de temps comme actrice. C'est aussi mon rôle le plus important. Trois heures et demie de maquillage par jour. Et une heure quarante-cinq pour redevenir blanche...» Sans oublier huit mois à répéter quotidiennement ses chorégraphies. «J'ai heureusement la chance d'être très souple.»


L'entretien avec l'actrice française s'est déroulé en janvier, à quelques jours de l'assermentation de Barack Obama comme président des États-Unis. Pas demain la veille qu'on verrait la même chose en France, avance-t-elle.
«Il n'y a pas beaucoup de Noirs en France qui ont de lourdes responsabilités.

D'ailleurs, Étienne [Chatiliez] n'a pas trouvé ici d'acteurs noirs pour jouer le rôle qui est finalement revenu à Anthony [Kavanagh]. Ils sont soit dans la revanche, soit trop serviles. Anthony, lui, est Canadien, il est intégré. Il ne jouait pas le Noir de service.»


Une sorte de visionnaire


L'actrice, qui partage son temps entre le cinéma et la scène, a pu savourer la joie de travailler avec Étienne Chatiliez. «J'avais envie de travailler avec lui depuis des années. Il n'y a pas beaucoup de metteurs en scène en France qui sont exigeants et drôles.

C'est quelqu'un qui a dit avant tout le monde qu'on pouvait en avoir marre de ses enfants à la maison (Tanguy). C'est aussi lui qui a dit que les vieux n'étaient pas toujours gentils (Tatie Danielle). C'est une sorte de visionnaire.


«Il était presque normal qu'on se rencontre un jour, enchaîne-t-elle. J'avais fait des essais pour son film précédent (La confiance règne). Je n'avais pas été choisie, mais je préfère celui-là (Agathe Cléry). Quand j'ai lu le scénario, ça m'a plu. Et pour une fois, on m'offrait la possibilité de jouer le rôle d'une amoureuse. Je n'avais jamais été amoureuse dans un film. Je n'avais jamais chanté, dansé. Il arrive plein de choses à cette fille.»


Baignant dans la comédie depuis ses débuts au cinéma, que ce soit comme actrice (Casque bleu, La cité de la peur) ou réalisatrice (Le derrière, Palais royal!), Valérie Lemercier envisagerait mal de changer de registre et de se tourner vers le drame. «Je saurais être capable, même si c'est un peu prétentieux, mais je n'ai pas envie. Ce qui a de la valeur dans ce que je fais, c'est de faire rire les gens. C'est pour ça que je suis née.»


Et si Valérie Lemercier, la femme, devenait noire comme par magie, quelle serait sa réaction?
«Je serais contente, au moins je n'aurais plus à mettre de collants...» Née pour faire rire, disait-elle...

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