Qu'est-ce qu'une vie réussie? C'est cette grande question qui tourmente les philosophes depuis des lustres qui a servi d'étincelle à la réalisatrice Gaël D'Ynglemare dans l'écriture du scénario de son premier long métrage dont le tournage se poursuit à Québec cette fin de semaine.

Le colis, dans lequel Gildor Roy et Emmanuel Bilodeau sont les personnages principaux, est une comédie qui fera rire, mais aussi réfléchir sur les critères de la réussite sociale et les voies empruntées pour atteindre le bonheur.

Rencontrée dans les bureaux du Soleil où elle tournait avec son équipe, la réalisatrice l'admet d'emblée : c'est à travers des yeux de femme qu'elle aborde son premier film. «J'avais envie de porter un regard sur les hommes nord-américains qui courent après le succès et de m'interroger au passage sur la notion de réussite  sociale, matérielle et personnelle.»

 

Pour étayer son propos, Gaël D'Ynglemare a fait le pari de réunir deux personnages centraux mus par des pulsions fortement opposées. Deux hommes aux antipodes quant à leurs choix de vies, mais qui combattent néanmoins chacun leurs démons. D'un côté, Jacques (Gildor Roy), un homme d'affaires à succès et un joueur compulsif, ne vit que pour son travail. Il est très attaché à l'argent, symbole de réussite sociale à ses yeux. De l'autre, Michel (Emmanuel Bilodeau), un courrier qui a une vie familiale et sociale riche, mais qui est toujours à court d'argent et qui a du mal à assumer ses responsabilités. Le colis, c'est la rencontre et le rapprochement inattendus de deux hommes qui ne croyaient rien partager.

 

 

«Jacques, c'est un ancien chanteur qui a choisi la voie de l'argent. Il a aussi fait le choix de ne pas avoir d'amis ou de famille. Il ne vit que pour le matériel et il découvrira le jeu. Mais il va payer pour en tabar... et comprendre qu'il y a autre chose dans la vie après avoir atteint le fond du baril», expose Gildor Roy.

 

«Michel, lui, a 36 métiers, 36 misères, continue Emmanuel Bilodeau. Pour le moment, il est courrier en auto. Il a une petite fille de huit ans et une blonde. Mais c'est un gars qui a de la misère, il prend toujours des tickets de stationnement. Il n'est pas super-efficace pour trouver des jobs payants et il n'arrive pas à joindre les deux bouts. Sa blonde est à bout. Elle n'en peut plus.»

 

La passion du jeu de Jacques fera en sorte qu'il contractera des dettes. Un shylock réclamant alors son enlèvement approchera Michel, démoralisé et de plus en plus vulnérable. À bout de ressources, et ayant perdu la garde de sa fille, Michel acceptera. «Il fera l'enlèvement, mais le shylock qui l'avait engagé se retrouvera en prison. Il sera donc pris avec le «colis» et il devra lui-même faire la demande de rançon. C'est là que ça va dégénérer. Michel a été pris dans le collimateur. Il est maladroit, mais il a bon coeur», dit Emmanuel Bilodeau.

 

Il s'ensuivra un huis clos qui s'avérera bénéfique pour Jacques et Michel. Ce sera l'occasion pour les deux hommes de confronter leurs destinées et leurs espoirs.«Les deux hommes vont changer leur vie en se rencontrant», ajoute Gildor Roy.

 

Inspiration française

 

Si vous avez flairé l'influence de Francis Veber, qui a réalisé de nombreux films avec Pierre Richard et Gérard Depardieu, vous avez vu juste. Gaël D'Ynglemare, née en France, reconnaît s'être inspirée de ce type de comédie française. «Ces films ont bercé mon enfance et m'ont donné envie de faire du cinéma.»

 

«Ce ne sera pas du tout une comédie du style une ligne, un punch, comme De père en flic. Mais une comédie plus traditionnelle avec beaucoup d'humanité, de dialogues et des scènes plus longues», ajoute Bilodeau.

 

Avant d'arrêter son choix sur Roy et Bilodeau, la réalisatrice savait que ses deux personnages principaux auraient un physique et une personnalité précis. «Je suis très contente de mon casting. Je cherchais un petit nerveux, insécure et très attachant. Emmanuel est délicieux dans son rôle parce que même si son personnage fait beaucoup de bêtises, on ne lui en veut pas. Ça me prenait quelqu'un à qui on pardonne tout. Gildor est un personnage très imposant. Au début du film, il est très antipathique, mais à force de le connaître et de creuser, on finit par comprendre toute l'amertume et la frustration qui l'animent et qui font qu'il est comme ça. Petit à petit, il va changer et devenir attachant.»