De la pièce Les grandes chaleurs, le film réalisé par Sophie Lorain n'a conservé qu'une vingtaine de répliques tout au plus, estime Michel Marc Bouchard, auteur à la fois de l'oeuvre et du scénario.

De la scène au grand écran, l'adaptation est presque totale. «La comédie, au théâtre, est une forme de codification très particulière qui ne fonctionne pas nécessairement au cinéma, fait valoir le dramaturge. Particulièrement dans une comédie romantique.»

L'approche choisie pour tourner le long métrage est selon lui plus sensible et plus intimiste.

L'oeuvre repose malgré tout sur le même tabou, sur l'idée de la relation amoureuse intergénérationnelle. «Sauf que le traitement est un peu plus délicat, fait remarquer l'auteur. Au théâtre, on fonctionne par conventions. L'information est instantanée. Au cinéma, il y a le gros plan, l'intimité. Il faut traiter le sujet avec plus d'intériorité et d'humanité. On doit chercher qui sont les personnages, quelles sont leurs relations.»

Les grandes chaleurs est la quatrième pièce de Michel Marc Bouchard à connaître une seconde carrière au cinéma après Les feluettes, Les muses orphelines et L'histoire de l'oie. Une cinquième est en cours d'écriture. L'auteur est le premier surpris d'un tel succès. «C'est très étrange, dit-il. Je suis probablement le seul dans mon domaine au Québec. J'ai d'ailleurs commencé à donner des communications à l'étranger sur l'adaptation de son propre théâtre au cinéma.»

Il faut dire que la transposition d'une pièce de théâtre n'a rien du copier-coller. «Une pièce est écrite avec le poids de l'acteur, insiste Michel Marc Bouchard. Je dois faire entrer un personnage sur scène et le faire sortir. En soi, c'est une écriture. Alors qu'au cinéma, on n'a pas ce poids. On a toutefois la possibilité de l'ellipse et des lieux multiples. Ce sont deux vocabulaires.»

L'expérience a aussi enseigné à Michel Marc Bouchard qu'il est préférable, au cinéma, de raconter son histoire d'une façon complètement différente. Cela, sans perdre l'essence de la pièce, et en conservant les mêmes personnages. «Dans la pièce, il y a un lieu. Dans le film, il y en a 29», fait-il remarquer. «Le propos demeure le même, assure l'auteur. Seul le point de vue est différent.»