Un nouveau film de Quentin Tarantino, c'est déjà très «couru». Les producteurs se frottent les mains, les attachés de presse snobent les critiques qui, eux, piaffent d'impatience. Et les amateurs parcourent furieusement l'internet à la recherche de rumeurs et commérages en tous genres sur la dernière oeuvre du réalisateur, l'enfant gâté d'Hollywood. Et cette fois-ci, c'est pire.

Car Inglourious Basterds (qui prendra l'affiche le 21 août) est le premier film historique de Tarantino. De plus, il a été sélectionné au Festival de Cannes, et il propose un casting cosmopolite: les ingrédients idéaux pour alimenter encore davantage l'engouement autour du film.

Au final, ce long métrage, sorte de western spaghetti sur fond de Seconde Guerre mondiale, a les qualités et les défauts d'un Tarantino: c'est amusant, bavard et brillant, bourré de références cinématographiques, avec de superbes scènes de suspense et de tension dramatique. Mais c'est aussi superficiel, vain et, une fois n'est pas coutume, parfois mal interprété. «Il était une fois dans la France occupée par les Nazis»

Une belle jeune fille juive poursuivie par la Gestapo, Shosanna Dreyfus (Mélanie Laurent) assiste à l'exécution de sa famille tombée entre les mains du colonel nazi Hans Landa (Christoph Waltz). Shosanna s'échappe de justesse et s'enfuit à Paris, où elle se construit une nouvelle identité comme propriétaire d'une salle de cinéma.

Au même moment, quelque part ailleurs en Europe, le lieutenant Aldo Raine (Brad Pitt) et son groupe de soldats juifs américains mènent des actions punitives particulièrement sanglantes contre les nazis.

«Les bâtards», nom sous lequel leurs ennemis vont apprendre à les connaître, se joignent à Bridget von Hammersmark (Diane Kruger), actrice allemande et agente secrète, pour tenter d'éliminer les hauts dignitaires du Troisième Reich. Leurs destins vont se jouer à l'entrée du cinéma où Shosanna veut mettre à exécution une vengeance très personnelle...

Premier film d'époque de Quentin Tarantino, Inglourious Basterds se présente comme un film de guerre: en véritable boulimique de longs métrages, le cinéaste américain s'inspire de monuments du septième art, tels The Dirty Dozen, Les canons de Navarone, Kelly's Heroes ou Le jour le plus long.

Mais comme à son habitude, il mélange ces références avec celles du western spaghetti à la Sergio Leone et de l'esthétique cinématographique des années 1930, à la Fritz Lang.

Issu de ce shaker cinématographique, Inglourious Basterds offre de véritables séquences à la Tarantino, entre audace et humour, tirades théâtrales et blagues potaches.

Quant au scénario, léger comme un popcorn, il manque bien évidemment de fond: peu de faits, beaucoup de fiction. Il se résume sommairement à «Tuer des nazis».

Au final, Inglourious Basterds s'avère aussi éclectique que Kill Bill, aussi verbeux que Reservoir Dogs, aussi pop que Pulp Fiction, seulement il lui manque ce petit plus qui fait tout le charme de ces précédents films: l'exotisme de l'Amérique filmée par Quentin Tarantino.