Icône de Pink Floyd, Roger Waters, coauteur de l'album culte The Wall, raconte les souffrances des Palestiniens provoquées par la «barrière de sécurité» qu'Israël érige en Cisjordanie, dans un court métrage présenté mercredi à Jérusalem-Est.

Financé par l'ONU, ce film de 15 minutes intitulé Walled Horizons (Horizons emmurés) a été réalisé pour le cinquième anniversaire d'un arrêt de la Cour internationale de Justice (CIJ) déclarant «illégale» cette barrière et exigeant son démantèlement.

Le film commence sur un gros plan de Waters marchant au pied d'un haut mur en béton, quelque part en Cisjordanie.

«La raison des murs, c'est toujours la peur, qu'il s'agisse des murs que nous élevons autour de nous-mêmes ou de ceux comme celui-ci, construit par des gouvernements apeurés», affirme Waters.

«Ils sont toujours l'expression d'un profond sentiment d'insécurité», explique le bassiste, auteur de la plupart des chansons de l'album The Wall, un des plus grands succès de Pink Floyd, sorti en 1979.

Israël a commencé en 2003 à ériger la «barrière de sécurité» pour enrayer une vague d'attentats suicide perpétrés l'année précédente durant le soulèvement palestinien.

Le film présente des responsables israéliens de la sécurité impliqués dans la construction de l'ouvrage, ainsi que des images d'archives sur les attentats suicides meurtriers.

Pour les Palestiniens, cette barrière n'est rien moins qu'un «mur de l'Apartheid» qui empiète sur une partie importante de la Cisjordanie, divise les familles, sépare les paysans de leurs champs, et tronçonne la partie orientale de Jérusalem où ils veulent établir la capitale de leur futur État.

Le film montre notamment un paysan qui a perdu plusieurs hectares de terres.

«L'idée de vivre dans une prison géante m'horrifie», lâche Waters, avant de taguer sur le béton «We Don't Need No Thought Control», cri de ralliement de la chanson Another Brick in the Wall.

La dernière scène du court métrage montre une foule de Palestiniens entassés dans un corridor délimité par des grillages qui font la queue pour franchir un barrage israélien.

«Nous avons voulu rappeler le message de la plus haute instance juridique internationale (la CIJ), qui est qu'il est intolérable d'ériger une barrière dans le jardin de votre voisin», a déclaré à l'AFP Yohan Eriksson, réalisateur finlandais du film.

Israël a souvent accusé l'ONU de prises de positions propalestiniennes.

Le porte-parole de l'UNWRA, l'agence de l'ONU pour l'aide aux réfugiés palestiniens, Chris Gunness, soutient cependant que «ce film est à la fois un puissant plaidoyer et une enquête journalistique équilibrée».

La «barrière de sécurité» s'étire déjà sur 413 km, pour un total prévu de 709 km. L'ouvrage comporte des murs, des réseaux de fils de fer barbelés, des tranchées et des zones militaires interdites d'accès, selon l'ONU.

Une fois achevé, il devrait se trouver à 85 % à l'intérieur de la Cisjordanie, rognant ce territoire de 9,5 % de sa superficie, où vivent 35 000 Palestiniens.