Après Le bonheur c'est une chanson triste et Toi, le réalisateur François Delisle tourne son nouveau long métrage, Deux fois une femme. Tourné entre Montréal et l'Abitibi, Deux fois une femme raconte la renaissance d'un personnage en fuite, campé par Évelyne Rompré.

Dans la banlieue de Montréal, une femme, Catherine (Évelyne Rompré), doit fuir la brutalité et les coups de son mari. «Le personnage principal quitte la banlieue pour sa survie. La banlieue est une prison dorée pour elle», explique le réalisateur, producteur et scénariste François Delisle.

Après Toi, film centré sur Montréal et les errances d'une femme, Deux fois une femme emmène donc le spectateur dans la nature. «J'avais le goût de sortir de Montréal et c'est un film où la nature a une importance primordiale. Je reviens à des choses plus proches de mon premier film», dit le réalisateur.

Catherine change d'identité et doit se rebâtir une vie nouvelle loin de chez elle. «C'est quelqu'un qui n'a plus de dignité et qui reprend la vie à bras-le-corps. Je pense qu'il y a beaucoup d'émotions dans ce film, dit François Delisle. C'est un film très ancré dans le réel, très américain, avec ses paysages et ses routes.»

Autour d'Évelyne Rompré, Marc Béland, David Boutin, Michelle Rossignol et Catherine de Léan suivent François Delisle depuis cinq semaines pour le tournage du film. Évelyne Rompré, arrivée peu de temps avant le tournage pour remplacer la comédienne d'abord pressentie pour le rôle, est «une vraie découverte», croit Delisle.

Produit par sa société de production (Les Films 53/12), Deux fois une femme a toutefois bénéficié d'un budget minceur. «Le tournage se passe vraiment bien, même si je n'ai pas une cent: c'est pire que jamais», estime François Delisle. Avec le soutien de Téléfilm, du Conseil des Arts et du Fonds Harold Greenberg, Deux fois une femme se tourne avec un budget de 500 000 $.

Comme plusieurs réalisateurs québécois, François Delisle tourne avec la caméra RED, un appareil photo très prisé pour ses qualités vidéo. «C'est incroyable, au niveau de la définition, ce que la RED peut faire. La qualité est quatre fois supérieure à celle de la caméra HD que j'avais utilisée pour Toi. C'est fantastique, il y a beaucoup à faire», se réjouit-il.

Deux fois une femme sera gonflé ensuite en 35mm. «La pellicule donnait quelque chose, le numérique ne donne absolument rien. C'est (aux réalisateurs) de rajouter une texture à l'image, explique François Delisle. Ce qui m'inquiète, c'est que l'image est vraiment clean. Je voudrais pourtant que le film, comme l'histoire, soit organique. Que ça ait une vie.»

Réalisateur indépendant, François Delisle estime voir, à chacun de ses tournages, apparaître une nouvelle technologie. «C'est une réappropriation totale, chaque fois, on repart à zéro. Mais ces nouvelles technologies permettent aussi de tourner un long métrage avec 500 000 $: ça c'est fantastique», croit-il.

Deux fois une femme sera distribué au cours de l'année 2010 par Funfilms. En 2010, François Delisle produira aussi le prochain film de Maxime Giroux, Empreinte. Il espère aussi pouvoir tourner son prochain long métrage, Noir, dans lequel Marc Béland devrait jouer. «J'espère pouvoir le faire financer au secteur régulier, dit François Delisle. Je ne peux vraiment pas faire ça comme Deux fois une femme