Le Festival des films du monde (FFM) doit rester en place, lance sans détour la ministre de la Culture, Christine St-Pierre. Celle-ci assure qu'elle n'a pas l'intention de baisser les bras et qu'elle continuera de multiplier les efforts pour garantir la survie de l'événement cinématographique dont la 33e présentation s'amorce aujourd'hui.

Après avoir reçu au cours des dernières années une pluie de critiques concernant sa programmation et traversé plusieurs crises qui ont menacé sa survie, le FFM tente de reprendre son souffle.

Pour le maintenir en vie et faire en sorte qu'il tire son épingle du jeu au milieu de toute l'offre festivalière montréalaise, Québec et Ottawa doivent tous les deux délier les cordons de la bourse, croit Mme St-Pierre, interrogée à ce sujet hier à l'issue d'une conférence de presse portant sur le dévoilement de la programmation du Festival international Cervantino, un événement culturel mexicain où le Québec sera cette année l'invité d'honneur (voir autre texte).

«Il faut que l'on prenne conscience de l'importance de ce festival pour Montréal, métropole internationale. On ne peut pas abandonner le Festival des films du monde. Il faut qu'il reste, a-t-elle soutenu. Je pense qu'on fait la démonstration qu'on y croit et on va essayer de l'accompagner du mieux qu'on peut.»

Mme St-Pierre a dit rencontrer régulièrement le président du FFM, Serge Losique. Elle souligne également qu'elle continuera de sensibiliser son homologue fédéral, James Moore, sur l'importance de soutenir ce rendez-vous cinématographique.

Rappelons que, pendant deux ans, en 2005 et en 2006, la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC) et Téléfilm Canada - en froid avec l'organisation - avaient boudé le festival en ne lui versant aucun sou. L'aide financière est revenue en 2007 alors que les deux organismes ont recommencé à croire en la viabilité du FFM.

Cette année, Québec a remis une enveloppe de 720 000 $ au FFM, dont 270 000 $ proviennent de la Société de développement des entreprises culturelles (SODEC). Industrie Canada, par l'entremise de son programme des manifestations touristiques de renom (PMTR), a versé 446 912$ pendant que Téléfilm Canada a octroyé une somme de 276 000 $ et a accordé une aide supplémentaire de 52 500 $, consacrée au sous-titrage des films en compétition.

Pour la vice-présidente du FFM, Danièle Cauchard, ce coup de main demeure encore bien insuffisant. «Il faut de l'aide! , a-t-elle lancé d'emblée, tout en refusant de dire combien d'argent supplémentaire elle souhaitait obtenir. On est sous-financés et on réussit à faire des miracles.»

Plus optimistes, certains artisans du milieu cinématographique croient, pour leur part, que le festival a réussi à reprendre du poil de la bête qu'il est là pour rester, du moins, et pendant quelques années.

Selon le réalisateur Jean-Claude Labrecque, le FFM va tenir le coup, puisqu'il occupe une place de choix dans l'univers culturel des Montréalais, au même titre que le Festival de jazz ou encore les parties de hockey du Canadien. «Il faut que ça soit là, croit-il. Malgré toutes les difficultés qu'il a connues, il est resté debout.»

Le cinéaste admet toutefois que la programmation - qui présente beaucoup de longs métrages inconnus - ne répond pas toujours aux attentes. «Ce n'est pas toujours très bon, mais c'est souvent étonnant et ça aiguise la curiosité.»

«Je pense que le FFM connaît un second, un cinquième ou un douzième souffle, mais ça n'effacera pas son passif un peu controversé, observe pour sa part, Germain Lacasse, professeur agrégé au département d'histoire de l'art et d'études cinématographiques de l'Université de Montréal. Il va survivre quelques années, mais les problèmes vont revenir», appréhende-t-il.

M. Lacasse considère lui aussi que certains films présentés «ne passent pas la rampe». Il a également l'impression que les jeunes cinéphiles tournent le dos au FFM, au profit d'autres événements comme Fantasia et le Festival du nouveau cinéma.

Malgré tout, le festival continue d'attirer une clientèle qui vient parfois de loin. C'est le cas de John et Regina Tegelan, deux enseignants du New Jersey, qui viennent pour la deuxième fois au FFM.

«Nous sommes venus pour la première fois en 1999. Nous avons adoré l'expérience. Nous visionnons des films que l'on ne verrait pas aux États-Unis», ont-ils mentionné hier lorsque La Presse les a interrogés devant le cinéma Quartier latin.

Pour le FFM, ils misent surtout sur la compétition et les soirées de gala. Et Toronto? «On n'a même pas pensé à y aller, disent-ils. Ce ne sont pas les mêmes films qu'ici, il n'y a pas non plus cette atmosphère que nous aimons tant.»

Le FFM s'ouvre ce soir avec la projection de 1981, troisième long métrage du Québécois Ricardo Trogi. Il se déroulera jusqu'au 7 septembre 2009.

 

Nos suggestions

1981. Ricardo Trogi, Canada (hors compétition). Cinéma Impérial à 10 h et 13 h 30.

Woodstock: 3 Days of Peace and Music. Michael Wadleigh, États-Unis. Sur l'esplanade de la Place des Arts à 20 h 15.