Sandrine Bisson est encore peu connue du public, mais son personnage de mère au franc-parler dans 1981 devrait changer la donne. La comédienne de 34 ans, vue dans Le nèg', Duo et la télésérie Le négociateur 2, loue la providence d'avoir décroché un rôle aussi intense.

«Quelle joie de pouvoir jouer un personnage comme celui-là! J'ai sauté dessus comme un maringouin sur une banque de sang...», lance avec une pointe d'humour la jeune femme originaire de Charny, sur la Rive-Sud de Québec.

L'alter ego maternel à l'écran du réalisateur Ricardo Trogi n'a rien d'une femme renfermée et lymphatique. Elle ne mâche pas ses mots pour faire comprendre à son fils (Jean-Carl Boucher), toujours le nez fourré dans le catalogue Distribution aux consommateurs, que l'argent ne pousse pas dans les arbres et que son portefeuille n'est pas un puits sans fond.

«Disons que c'est une mère aimante, mais qui ne s'exprime pas d'une façon agréable, nuance la principale intéressée. C'est quelqu'un d'impulsif qui n'a pas la langue dans sa poche [...] Avec son petit boulot de serveuse, elle rame pour faire vivre ses deux enfants.»

À travers l'histoire du petit Ricardo, 11 ans, coincé entre sa nouvelle école, les nouveaux amis à se faire et les premiers émois amoureux, le film de Trogi porte un regard sur les demandes monétaires incessantes des jeunes, toujours à la recherche du dernier gadget à la mode. Un thème qui renvoie Sandrine Bisson à sa propre adolescence.

«À l'époque, j'étudiais au Collège Jésus-Marie. Plusieurs parents venaient reconduire leur fille dans de gros chars. Moi, j'étais de la classe moyenne. Mon père, un travailleur de la construction, conduisait une petite Mazda. La récession du début des années 80, avec les hausses des taux d'intérêt, lui a fait mal.

«Tout cela rappelle l'importance de vivre selon ses moyens, ajoute-t-elle. J'ai commencé à travailler à 14 ans. Ça développe le sens de la débrouillardise. À cet âge-là, tu es toujours confronté à ton statut social. Tu as toujours l'impression de ne pas être à la hauteur. Tu penses que c'est toujours mieux chez le voisin. Mais il faut revenir à la base. Comme le dit le professeur dans le film: L'essentiel est invisible pour les yeux du coeur, ce n'est pas le matériel qui compte.»

Une fille de silence

Sandrine Bisson porte un regard perplexe sur les années 80. De cette époque, elle se souvient avec amusement, un peu comme tout le monde, des modes vestimentaires et capillaires pour le moins excentriques. «C'était très typé comme époque, ç'a marqué l'histoire, avoue-t-elle. Les looks étaient épouvantables. C'était peut-être un mal nécessaire pour se rendre où nous sommes [...] À l'époque, j'écoutais Michael Jackson et Cindy Lauper, mais j'étais surtout une fille de silence. J'aimais beaucoup lire. Il n'existait alors rien d'autre.»

La jeune comédienne ne tarit pas d'éloges envers Ricardo Trogi. Particulièrement son «amour profond des comédiens», son humour, sa façon d'aborder les autres.

«Malgré son physique imposant, c'est quelqu'un de très sensible. Il sait garder les choses simples. Les relations humaines, il comprend ça! C'est aussi un vrai clown. C'est lui qui fait le show sur le plateau...»