Dans l'Iran contemporain ou dans l'Espagne franquiste, l'évolution de la société passe obligatoirement par les femmes...

Bien que très différents, tant dans l'approche que dans le ton, les deux films présentés hier en compétition indiquent à quel point les femmes jouent un rôle crucial dans l'évolution d'une société ancrée dans ses traditions. Même si l'histoire d'Atashkar (Secret d'homme), le deuxième long métrage du cinéaste iranien Mohsen Amiryoussefi (Sommeil amer), est construite autour d'un homme, le destin de ce dernier est clairement dessiné par les femmes qui l'entourent.

Étrange film que cet Atashkar. Visiblement tourné sous le manteau avec des moyens rudimentaires, ce long métrage met un long moment à trouver son rythme et son ton. Amiryoussefi parvient tout de même à doter son récit d'un humour absurde, parfois caustique, lequel traduit une volonté d'aborder de plein front des thèmes de nature sociale.

Déjà père de quatre filles, Sohrab (Hamid Farrokhnezhad, seul acteur professionnel du film) hésite à se faire vasectomiser, comme le réclame sa femme. Cette dernière ne pourrait supporter une nouvelle grossesse sur le plan médical. Cette décision est difficile à prendre. Dans la mesure où, traditionnellement, l'incapacité d'engendrer un fils aura tôt fait de mettre un homme au ban de la société. Les camarades de travail à la fonderie d'Ispahan, où Sohrab est le chef des ouvriers, lui tournent le dos. Pire, son défunt père fait désormais des apparitions afin de lui interdire d'aller de l'avant avec cette opération, lui faisant même visiter l'enfer pour lui montrer les châtiments que subissent ceux qui sont volontairement devenus stériles.

Divisé en trois chapitres (le paradis, le purgatoire et l'enfer), le récit fait écho à deux conceptions du monde qui s'affrontent. Les discours souvent contradictoires des autorités religieuses, selon qu'ils soient exprimés publiquement ou de manière privée, sont aussi bien mis en exergue. On frôle ici parfois l'amateurisme, mais l'ensemble a quand même le mérite de faire écho à un véritable questionnement par rapport à la place des femmes dans la société iranienne.

Une vision austère du franquisme

Le destin d'une jeune femme est par ailleurs au coeur de Hoy no se fia, mañana sí (On verra demain), le premier long métrage de fiction du cinéaste espagnol Francisco Avizanda. Gilda (Carolina Bona) est une jeune orpheline qui travaille comme dactylo dans une station de radio. Dans l'Espagne franquiste, au début des années 50, cette femme figure au milieu d'une histoire dans laquelle seront impliqués autant des agents des services secrets que des opposants du régime. À travers elle, c'est aussi les moyens limités dont disposent les femmes pour se sortir d'une situation précaire.

L'histoire suscite certes l'intérêt sur le plan historique, mais l'auteur cinéaste emprunte une approche tellement austère que le film suscite rapidement l'ennui. La vision est trop opaque. Le spectateur a du mal à faire le tri entre tous ces fils entremêlés. Dommage.

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Atashkar (Secret d'homme) de Mohsen Amiryoussefi.
Aujourd'hui 14 h au Cinéma Impérial.

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Hoy no se fia, mañana sí (On verra demain) de Francisco Avizanda.
Aujourd'hui 16 h 30 au Cinéma Impérial.