La Mostra accueillait mardi The White Space de l'Italienne Francesca Comencini sur un Lido mis en effervescence par la venue de l'acteur George Clooney, tandis qu'un film israélien sur la guerre du Liban, Lebanon, s'imposait comme le premier grand coup de coeur du festival.

Sur le Lido, les paparazzis guettaient l'Américain George Clooney, arrivé la veille avec Elisabetta Canalis, désignée comme sa «fiancée italienne» par la presse. Le couple devait fouler le tapis rouge vers 19 h locales pour la présentation hors compétition de The Man Who Stares at Goats où joue Clooney.

Puis un dîner avec 150 convives était prévu dans les jardins du Casino de Venise, où les acteurs Matt Damon, Ewan McGregor et le cinéaste Steven Soderbergh étaient eux aussi attendus.

Deuxième film italien entré en compétition - après celui de Giuseppe Tornatore mais avant ceux de Michele Placido et Giuseppe Capotondi - The White Space est tiré du roman de Valeria Parrella Lo spazio blanco et tourné à Naples.

Réalisé par la fille du cinéaste Luigi Comencini, Francesca, née en 1961 - tandis que la cadette, Paola, signe les décors - c'est le portrait d'une femme indépendante proche de la quarantaine, qui se retrouve enceinte après un flirt.

Six mois plus tard Maria accouche d'un bébé prématuré, aussitôt placé en couveuse. Comme celle de sa fille qui peut s'arrêter à tout instant, la vie de Maria est alors en suspens pour 50 jours d'un «Espace blanc» émotionnel, soit le délai laissé au bébé avant de pouvoir respirer sans assistance artificielle.

Porté par Marguerita Buy dont le jeu tout en nuances sauve le film du mélodrame larmoyant, The White Space comporte de beaux moments, grâce à des dialogues bien écrits et à la belle photographie de Luca Bigazzi.

Mais un récit artificiellement morcelé et l'envahissante bande originale, qui assène des airs à la mode aux paroles explicites, tuent un peu l'émotion.

Francesca Comencini a notamment signé Le parole di mio padre, qui a reçu le Prix Un certain regard à Cannes en 2001.

Depuis le début du Festival de cinéma de Venise (2-12 septembre) si deux films politiques, signés par les Américains Michael Moore et Oliver Stone ont provoqué de vifs débats, aucun long métrage en compétition n'a semblé faire l'unanimité, hormis Lebanon.

Nourri des douloureux souvenirs de son réalisateur, Samuel Maoz, 47 ans, originaire de Tel Aviv, le film fait vivre intensément le début de la première guerre du Liban en 1982, à travers la meurtrière avancée d'un tank israélien.

??l'instar de Valse avec Bachir le superbe film d'animation présenté au Festival de Cannes 2008 par Ari Folman, auquel nombre de critiques comparaient Lebanon mardi, il approche la guerre avec une radicale nouveauté.

Enfermés dans un tank, quatre jeunes soldats israéliens ne voient du Liban que les massacres qu'ils y perpètrent : âne éventré agonisant, femme au bord de la démence après la mort de son enfant, vieillard au regard figé par la haine, assis dans la rue face à son ami foudroyé en pleine partie d'échecs...

L'horreur de ces scènes, ajoutées au confinement et à la cruelle absurdité des ordres reçus, fait monter la tension entre les hommes.

L'image, ramenée à celle du viseur du tank, transforme le réel tantôt en cibles potentielles, tantôt en source de menaces, instillant une grande tension dans le film, tout comme la bande-son, particulièrement soignée.

«Dénuée de tout héroïsme, la vie au combat est montrée comme elle ne l'avait jamais été», estime le quotidien italien La Repubblica.