Le Festival du film haïtien élargit sa palette. Précurseur du Festival international du film black de Montréal, qui doit commencer en 2010, il présente cette année des films qui vont au-delà de l'habituel sujet haïtien.

Le cinquième festival, qui aura lieu du 23 au 27 septembre, s'ouvrira ainsi sur une comédie franco-martiniquaise, La première étoile, et se terminera par Soul Sisters, du réalisateur américain d'origine nigériane Rahman Olagdigbolu.

Pourquoi aller au-delà de son mandat initial? Pour grandir, tout simplement.

«Dans le passé, nous avons dû refuser de très bons films simplement parce qu'ils n'étaient pas haïtiens, a expliqué hier le directeur de la programmation, Émile Castonguay, en conférence de presse. Élargir notre menu va nous permettre d'intégrer des oeuvres qui jusqu'ici ne correspondaient pas à nos critères.»

Outre le volet haïtien, le futur Festival du film black (FIFBM) s'ouvrira donc aux productions afro-américaines, antillaises et africaines, anglophones comme francophones. Sans admettre que cette «extension» soit stratégique, la fondatrice du festival, Fabienne Colas, concède qu'elle permettra peut-être d'aller chercher les subventions de la SODEC qui lui sont refusées depuis cinq ans, sous prétexte d'une thématique trop exclusive.

«Disons que ça nous donne un argument, même si ce n'était pas nécessairement le but premier de l'exercice» résume Mme Colas, qui ajoute que le FIFBM souhaite avant tout «donner un autre point de vue sur la réalité noire dans le monde», trop souvent réduite à ses aspects les plus négatifs.

Le Heroes haïtien

Présenté à l'ONF et au cinéma du Parc, le Festival du film haïtien (FIFHM) présente cette année quatre longs métrages de fiction, huit documentaires et autant de courts métrages en primeur montréalaise.

Variation martiniquaise des Bronzés font du ski, La première étoile sera présentée en ouverture, en présence du réalisateur Lucien Jean-Baptiste, qu'on a surtout connu comme acteur aux côtés de Gérard Darmont (Emmenez-moi). Winter Tale brosse quant à lui un tableau assez sombre du Toronto jamaïcain, alors que Soul Sisters et Life Outside of Pearl abordent le sujet de la diaspora haïtienne. À noter que ces deux films mettent en vedette Jimmy Jean-Louis, «le Haïtien» de la série télé américaine Heroes, qui sera à Montréal pour l'occasion.

Côté documentaires, soulignons principalement La couleur du temps, film de Danic Champoux sur la surreprésentation haïtienne dans les prisons québécoises, et Maestro Issa, qui raconte l'histoire de la musique haïtienne d'après-guerre à travers la vie du chef d'orchestre Issa El Saieh.

Un bal de clôture, le 26 septembre, mettra en vedette Zèklè, groupe-culte haïtien qui a connu une carrière météorique au début des années 80 avant de se reformer récemment. «Une grande première pour Montréal» a expliqué le programmateur du concert, Ralph Boncy. «Zèklè signifie «éclair» en créole. C'est un nom qui leur va bien. À l'époque, ils avaient lancé cinq disques en un an et demi avant de tomber en burnout

______________________________________________________________
5e FESTIVAL DU FILM HAÏTIEN DE MONTRÉAL, du 23 au 27 septembre. Info: www.festivalfilmhaitien.com