Présenté en guise de film d'ouverture du 34e Festival de Toronto, Creation n'a pas convaincu. La biographie du père de la théorie de l'évolution passe à côté de son sujet...

Comme à Cannes plus tôt cette année, la récession sera bien présente pendant le 34e Festival international du film de Toronto. Moins de fêtes, moins d'opulence. En ces temps difficiles, les plus illustres représentants du monde glamour préfèrent quand même se garder une petite gêne.

Ils seront pourtant tous là. Depuis hier, la métropole canadienne voit débarquer chez elle tout ce que le milieu du cinéma compte de professionnels, d'acheteurs, de journalistes, et de vedettes. Tout ce beau monde s'affairait hier à trouver ses repères avant de plonger dans le grand tourbillon, lequel s'est ouvert hier avec la présentation de Creation, une biographie du père de la théorie de l'évolution, Charles Darwin.

L'annonce de la sélection de Creation comme film d'ouverture avait d'ailleurs causé un certain émoi dans les cercles du cinéma local. En choisissant un film britannique plutôt qu'une oeuvre canadienne pour ouvrir le TIFF, les organisateurs ont en effet mis fin à une vieille tradition.

Officiellement, on justifie cette sélection en faisant valoir l'aspect événementiel du film, dont la sortie coïncide avec le 200e anniversaire de naissance du scientifique, et avec le 150e anniversaire de la publication de son plus célèbre ouvrage: De l'origine des espèces. Officieusement, on peut aussi y voir une volonté d'accroître la visibilité d'une soirée d'ouverture se déroulant depuis toujours «en famille», généralement dans la plus totale indifférence de la presse internationale.

Les têtes d'affiche de Creation étant Paul Bettany et Jennifer Connelly, l'attention médiatique a quand même été un peu plus soutenue. Cela dit, le sentiment général envers le film de Jon Amiel n'était guère favorable à la sortie de la toute première projection.

Le réalisateur, dont la filmographie est assez éclectique (Entrapment, The Core), a en effet eu la main un peu lourde. Le récit, une adaptation d'un livre de Randal Keynes, est de surcroît confus par moments. Même s'il s'attarde à décrire les événements qui ont mené le scientifique à enfin publier le fruit de ses recherches, le cinéaste passe à côté de son sujet en préférant se concentrer sur la vie personnelle du scientifique. Grave erreur. Creation tombe ainsi dans les affres de la biographie traditionnelle, à grands coup d'effets dramatiques plaqués.

Les belles performances de Bettany et Connelly ne parviennent malheureusement pas à sauver la mise. Creation devrait en principe prendre l'affiche chez nous au cours de l'automne.

Le film d'Amiel a en effet été repêché par D Films, une nouvelle société de distribution canadienne, fondée par Jim Sherry et Tony Cianciotta, qui ont notamment travaillé chez Alliance et chez Maple Pictures. Le nouveau distributeur doit toutefois trouver un partenaire québécois avant de sortir le film en salle sur notre territoire. Ce sera chose faite prochainement. Du moins, semble-t-il.

Une année de transition

L'année 2009 en sera-t-elle une de transition pour le TIFF ? Sur le plan de l'organisation, très certainement. Dès l'an prochain, le Festival Center occupera plusieurs des 37 étages d'un nouvel édifice abritant le quartier général du Festival, en plein coeur du quartier des spectacles torontois. Il sera inauguré à temps pour le 35e TIFF.

Mais pour l'instant, place aux films, 312 en tout. Parmi lesquels relativement peu de films québécois. Carcasses de Denis Côté et J'ai tué ma mère de Xavier Dolan ont été invités au bal. The Young Victoria, réalisé par Jean-Marc Vallée, aura l'honneur de clôturer l'événement le 19 septembre. Le dernier volet de la trilogie théologale de Bernard Émond, La donation, sera par ailleurs présenté ici en primeur nord-américaine.