Le film Un prophète a été ovationné dimanche soir au Festival international des films de Toronto (TIFF), où il était projeté pour la première fois en Amérique du Nord, sous les yeux de son réalisateur français Jacques Audiard et de son protégé Tahar Rahim.

Le cinquième film d'Audiard, Grand prix au dernier Festival de Cannes, a été longuement acclamé par les centaines de spectateurs d'Elgin Theatre de Toronto, connu pour être un bon baromètre de la réception future des critiques et du public nord-américains. Le TIFF est le plus grand festival de cinéma outre-atlantique et l'un des principaux marchés du film.

«C'est important d'être là, c'est un festival nord-américain... et je me suis laissé dire qu'il y avait un marché (du film)», a déclaré à l'AFP Jacques Audiard à sa montée du tapis rouge, quelque minutes avant la projection.

«Je suis très heureux de le présenter ici, c'est un public nouveau... J'espère en tirer des enseignements», a-t-il ajouté, son emblématique chapeau à la main.

«C'est bizarre comme les festivals sont différents... Ici c'est vraiment le festival du film, c'est le marché, mais c'est un peu bizarre... comme le tapis rouge», a pour sa part lancé Tahar Rahim, l'acteur principal, en pointant le logo d'une carte bancaire imprimé sur le tapis de gala.

Haletant film noir centré sur Malik El Djebena (Tahar Rahim), un garçon de 19 ans sur lequel se referment pour six ans les portes de la prison, Un prophète possède des caractéristiques communes avec les histoires de gangsters filmées par de grands réalisateurs comme Martin Scorsese.

Certains festivaliers et la presse spécialisée estiment d'ailleurs qu'il pourrait constituer un sérieux prétendant à l'Oscar du meilleur film étranger en février prochain.

Mais la possibilité d'être primé à la grande fête d'Hollywood ne préoccupe aucunement le réalisateur français. «Pourquoi j'y penserais? J'essaie juste de penser à mon prochain film. J'ai commencé, j'essaie d'écrire, c'est difficile», a dit Audiard.

«Ce film a cette force de traverser les frontières, il a des thématiques qui sont propres à l'être humain et qu'on peut retrouver dans pas mal de sociétés», a dit Rahim, alors qu'on lui demandait s'il pensait que certains aspects du film (telles les rivalités entre groupes arabe et corse) allaient recevoir le même écho auprès des spectateurs américains que dans l'hexagone.

Bien qu'il ne soit doté d'aucune récompense officielle octroyée par un jury, mais seulement d'un Prix du public, le TIFF constitue une formidable rampe de lancement pour conquérir le public et les critiques américains.

Invité de dernière minute l'an dernier, le film Slumdog Millionaire avait ainsi reçu le Prix du public, cinq mois avant d'obtenir huit Oscars à Hollywood.

L'attention du grand public de la métropole économique canadienne était toutefois davantage concentrée dimanche sur Whip it, comédie familiale réalisée par l'Américaine Drew Barrymore, présentée en première mondiale en soirée.

Toute l'équipe du film, dont la Canadienne Ellen Page (nominée aux Oscars en 2008 pour son rôle dans Juno) a foulé le tapis rouge aux côtés de Drew Barrymore, qui effectue ses premiers pas derrière la caméra.

Avant même que le film ne soit projeté, les deux femmes avaient créé un début de polémique pour une photo publiée dans l'édition d'octobre du magazine Marie Claire où on les voit en train de s'embrasser.

Pressée de questions par les journalistes, Drew Barrymore a dû justifier le choix d'une telle pose. L'actrice-réalisatrice blonde a expliqué au Toronto Star, qui fait sa Une dimanche sur ce que le journal qualifie de «baiser controversé», qu'il n'y avait entre elle et Ellen Page «rien d'autre qu'une relation amicale de filles fun ainsi que de l'affection».

Ouverte jeudi, la 34e édition du Festival international du film de Toronto se tient jusqu'au 19 septembre et présente 271 films de fiction, ainsi que 64 courts métrages.