Délaissant la fable fantaisiste (Ricky, inédit au Québec) et le film d'époque (Angel), François Ozon revient au style intimiste qui a fait le succès de 5x2 et Le temps qui reste, avec Le refuge, présenté hier en première au Festival de Toronto.

Après la mort par surdose de son copain (Melvil Poupaud), une jeune junkie (Isabelle Carré) apprend qu'elle est enceinte. Faisant fi du désir de sa belle-famille de se faire avorter, elle ira trouver refuge dans une résidence sur le bord de la mer. C'est là que le frère homosexuel du défunt (le chanteur Louis Ronan-Choisy, à son premier rôle au cinéma) ira la rejoindre. Du coup, une relation peu conventionnelle s'installera entre les deux personnages, unis par la même solitude.

Il est question de désir, de vulnérabilité, de jalousie et des liens du sang dans cette étude de moeurs porteuse de vie et d'espoir, parfois traversée de passages à vide. Détail non négligeable, Isabelle Carré y apparaît réellement enceinte, ce qui con­fère une touchante authenticité à son personnage, qui se révèle aussi émouvant que vulnérable.

Où est Alice?

«Jamais depuis Reservoir Dogs une prise d'otage avait été traitée avec autant d'intelligence.» C'est cette petite phrase, placée à la toute fin du texte de présentation de The Disappearance of Alice Creed, dans le catalogue de presse, qui a attiré notre attention au point d'aller nous faire notre propre idée.

Pas d'oreille coupée ni de vieille «toune» des Stealers Wheels dans le premier film du Britannique J. Blakeson. Pas de mise en scène à la Tarantino non plus. Mais un talent certain dans l'art de garder le spectateur rivé à son fauteuil.

Deux hommes enlèvent une femme et la ligotent sur un lit, dans un appartement barricadé. Une rançon est réclamée à son père. Mais voilà, surprise, l'un des kidnappeurs est le petit ami de la fille. Sauf qu'il est aussi gai. Et son amant est nul autre que son complice...

Cette drôle d'embrouille sentimentale, doublée d'une série de rebondissements assez tordus, fait de The Disappearance of Alice Creed un thriller fort ingénieux, malgré quelques maladresses ici et là. Reste maintenant à savoir si un distributeur nord-américain en achètera les droits.

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* * *  Le refuge, de François Ozon. Date de sortie indéterminée.
* * * 1/2  The Disappearance of Alice Creed, de J. Blakeson. Date de sortie indéterminée.