Le festival de Saint-Sébastien s'est plongé dimanche dans des histoires policières, du trafic d'enfants dans This is love de l'Allemand Matthias Glasner, au crime non résolu dans El secreto de sus ojos de l'Argentin Juan José Campanella.


Ces deux films ont été projetés en compétition officielle au troisième jour du festival de cinéma qui se prolonge jusqu'au 26 septembre dans la célèbre station balnéaire basque.


Dans This is love, Matthias Glasner raconte deux histoires parallèles qui s'entremêlent au rythme de longs interrogatoires de police.
Maggie, commissaire de police, est devenue alcoolique depuis qu'elle a découvert que son mari disparu continuait à voir en cachette leur fille adolescente.


Chris vient de se rendre à la police après avoir commis un meurtre. Il reste muré dans le silence face à la commissaire qui tente de savoir où se trouve la petite Vietnamienne, Jenjira, qu'il avait achetée à des proxénètes pour la revendre à des parents adoptifs allemands.


Au fil des interrogatoires qui s'étendent sur plusieurs jours, Maggie livre ses peines à Chris. Ces confessions mettent le prévenu en confiance, et il finit par lui indiquer où se trouve Jenjira, pour laquelle il avoue ressentir une attirance tout en sachant qu'il ne peut pas la toucher.


«Je voulais réunir deux personnes qui ne se connaissent pas mais qui se reconnaissent dans leur douleur», a indiqué le réalisateur en conférence de presse.


«C'est aussi un film sur un amour impossible», entre Chris et Jenjira, «et sur comment cela peut déformer des personnes», a-t-il ajouté.


Dans El secreto de sus ojos, Esposito, admirablement joué par Ricardo Darin, l'acteur fétiche de Juan José Campanella (El hijo de la novia, 2001 Luna de avellaneda, 2004) est un employé de tribunal à la retraite qui veut écrire un livre sur un crime sur lequel il a enquêté 25 ans auparavant.


Esposito soumet son idée à Irene, secrétaire judiciaire qui avait participé à l'enquête. Commence alors un jeu de souvenirs, naviguant entre l'enquête sur le crime et leur histoire d'amour inachevée.


«Regarder vers le passé est la seule manière de pouvoir avancer» et il faut «fermer les histoires du passé», pour que les «blessures ne se remettent pas à saigner», a expliqué le réalisateur en conférence de presse.


Le film, déjà sorti en Argentine où il a remporté un franc succès, avec plus d'un million de spectateurs, et plus d'un mois à la première place du box-office, a été très chaleureusement accueilli par les festivaliers, qui ont longuement applaudi à la fin de la projection.


Campanella joue avec brio avec le regard de ses acteurs pour maintenir l'intensité de son film et parvient à introduire des touches d'humour et plusieurs rebondissements qui restent à tout moment cohérents avec l'histoire.


Le jury présidé par le réalisateur français Laurent Cantet devra départager les quinze films en compétition officielle pour attribuer le Coquillage d'or (Concha de oro), la principale récompense du festival.


Avec les deux films de dimanche, cinq films de la sélection officielle ont déjà été projetés, dont Le refuge du Français François Ozon avec Isabelle Carré en femme enceinte toxicomane et The white meadows, de l'Iranien Mohammad Rasoulof, critique voilée du régime politique en Iran.