La crise économique actuelle trouve son origine dans les théories ultralibérales de l'économiste Milton Friedman, dénonce le Britannique Michael Winterbottom dans un documentaire militant, The Shock Doctrine, présenté au Festival de San Sebastian.

Ce documentaire, basé sur le livre La stratégie du choc, de la journaliste et militante altermondialiste canadienne Naomi Klein, dissèque l'évolution économique des 40 dernières années, en tentant de démontrer que les théories de Milton Friedman sont à l'origine du marasme économique mondial actuel.

Dans son livre, Naomi Klein décrit le développement d'un «capitalisme du désastre», fondé selon elle sur l'exploitation par les gouvernements et les multinationales des catastrophes et situations de conflit telles que le tsunami en Asie, les attentats du 11 septembre 2001, la guerre en Irak, les dictatures.

Le documentaire de Winterbottom, qui dure un peu plus d'une heure et a été réalisé avec des images d'archives, d'animation et des extraits d'une conférence donnée par Naomi Klein comme fil conducteur, reprend cette théorie.

Il entend démontrer comment les théories ultralibérales de Friedman ont toujours eu besoin d'un choc ou d'une situation exceptionnelle pour pouvoir être appliquées sans contestation populaire.

The Shock Doctrine reproche notamment aux États-Unis d'avoir encouragé la dictature chilienne d'Augusto Pinochet (1973-1990) à appliquer les doctrines néolibérales de l'école de Chicago menée par Friedman, prix Nobel d'économie 1976, après avoir soutenu le coup d'État contre Salvador Allende.

Selon le film, les autorités chiliennes, tout comme la junte militaire argentine, ont eu recours au spectre du communisme et aux disparitions, pour entretenir un climat de peur qui a permis l'application d'une doctrine économique radicale.

De la même manière, selon le documentaire, l'ancienne Premier ministre britannique Margaret Thatcher (1979-1990) a eu besoin d'un événement exceptionnel, la guerre des Malouines en 1982, pour continuer à appliquer sa politique de privatisations ultralibérale.

Le film évoque aussi le libéralisme de l'ex-président américain Ronald Reagan (1981-1989), le capitalisme sauvage appliqué en Russie après la chute de l'Union soviétique, le libéralisme sous les mandats de George W. Bush (2001-2009) et la crise actuelle.

«L'un des messages de ce livre et du documentaire est qu'il faut connaître des éléments d'histoire pour comprendre comment le système en est arrivé au point où il en est», a déclaré Michael Winterbottom lors d'une conférence de presse, après la projection de son film, en section parallèle du festival qui se poursuit jusqu'à samedi.

«Je ne pense pas qu'il s'agisse d'un documentaire de propagande. Dans le film, Friedman expose un argument et Naomi le démonte», a ajouté Winterbottom, qui a coréalisé ce film avec Mat Whitecross, avec qui il avait déjà tourné The Road to Guantanamo.

Son documentaire a été très applaudi par le public de la station balnéaire basque.

Le film, initialement réalisé pour la télévision britannique, a été projeté à San Sebastian pour la première fois hors de Grande-Bretagne.

Michael Winterbottom espère qu'il aura une grande diffusion «que ce soit à la télévision, sur internet ou sur téléphone cellulaire».