Les objets du cinéaste suédois Ingmar Bergman vendus aux enchères lundi à Stockholm se sont arrachés à des prix souvent inattendus par rapport aux estimations les plus élevées des experts, a constaté un journaliste de l'AFP.

Au téléphone, par courrier, par internet ou en direct dans la salle des ventes Bukowski's bondée, les enchères pour le moindre objet du catalogue se sont envolées.

«Je suis surpris! Je ne pouvais pas rêver de ça!», s'est félicité le commissaire priseur de la vente, Tom Österman.

Une photo de l'illustre cinéaste aux côtés du compositeur Igor Stravinski mise à prix 2000 couronnes suédoises a été vendue 27 000 couronnes (3500 $). Une affiche du film de Bergman Fanny et Alexandre a trouvé acquéreur à 22 000 couronnes contre 4000 demandées. Une tête sculptée dans du plâtre et plaquée or, d'auteur inconnu, est partie pour 62 000 couronnes contre les 4000 de la mise à prix.

«Maintenant, on peut réellement voir à quel point Ingmar Bergman est quelqu'un d'important», a ajouté M. Österman pendant une pause, après avoir adjugé un portrait de l'écrivain suédois August Strindberg par le peintre norvégien Edvard Munch à 540 000 couronnes.

Mis à prix 300 000 couronnes, ce lot a atteint «un bon prix car sur le marché international il est évalué à 240 000-250 000 couronnes», a commenté M. Österman.

Le plus surprenant, a-t-il reconnu après la vente de 40 seulement des 339 lots, est le montant atteint par une maquette d'un théâtre en bois.

Mise à prix 15 000 couronnes, cette pièce a finalement été vendue 1 025 000 couronnes!

«Plus d'un million, c'était fantastique! Je n'aurais pas été surpris à 150 000 couronnes car c'est une belle pièce, mais là...», s'est enthousiasmé le commissaire priseur.

La plupart des lots ont été vendus au téléphone, car dans la salle, «une bonne partie des gens sont des curieux, venus éventuellement pour faire une enchère, mais surtout pour voir», selon M. Österman.

La vente promettait de se prolonger «tard dans la nuit», selon lui, car d'autres lots importants étaient encore à venir. Comme ce jeu d'échecs longuement filmé par Bergman dans Le septième sceau et un portrait du cinéaste par le photographe américain Irving Penn portant dédicace de l'auteur.

Ou encore cette table de nuit sur laquelle Bergman a gribouillé, d'une écriture torturée, de brèves pensées. À côté de «peur, peur, peur, peur, peur», figure notamment un énigmatique Saraband qui servira de titre à son dernier long métrage.

La vente a été organisée conformément aux dernières volontés du cinéaste qui voulait ainsi éviter les querelles familiales pour son héritage. Bergman a en effet été marié cinq fois et a eu neuf enfants de six femmes. Le fruit de la dispersion reviendra à la famille.

Les objets mis en vente proviennent du domaine, lui-même en vente par ailleurs, que possédait Ingmar Bergman sur l'île de Faarö, dans le sud-est de la Suède.