Pour la première fois, Claude et Nathan Miller réalisent ensemble. Avec Je suis heureux que ma mère soit vivante, à l'affiche aujourd'hui, le père et le fils s'intéressent à une histoire de mères et fils, à un quasi-matricide se concluant sur ce soulagement: «Je suis heureux que ma mère soit vivante.»

Le père, Claude, est l'un des réalisateurs les plus prolifiques du cinéma français. Le fils, Nathan, a quant à lui travaillé comme premier assistant sur plusieurs longs du père (dont La classe de neige). «On pourrait dire que l'on ne pourrait pas faire plus, on a été au maximum de notre collaboration», constate Nathan Miller, rencontré lors de son passage à Montréal dans le cadre du Festival des films du monde.

Je suis heureux que ma mère soit vivante est l'adaptation, au cinéma, d'un article d'Emmanuel Carrère paru dans un quotidien français. L'auteur de L'adversaire racontait le procès d'un jeune homme accusé d'avoir voulu tuer sa mère biologique, qu'il avait rencontrée peu de temps avant. «Tout était là. La dramaturgie que vous avez vu dans le film était là. La structure était là», dit Nathan Miller.

Thomas (Vincent Rottiers) cherche depuis l'enfance sa mère biologique, une jeune femme insouciante, issue d'un milieu modeste, qui l'a abandonné dès l'enfance. Face à l'incompréhension de sa mère adoptive, Thomas décide de chercher seul.

«Il y a quelque chose de très fort pour moi: un acte d'une violence inouïe vers la fin de cette histoire, qui n'est pas politiquement correcte, mais, quand on essaie de comprendre cet acte, on peut à la limite le pardonner, explique Claude Miller. Il y avait quelque chose qui me plaisait: il ne faut pas s'arrêter aux apparences, aller chercher ce qui est derrière. C'est en plus dans un contexte qui m'a toujours intéressé, la relation parents-enfants.»

Je suis heureux que ma mère soit vivante opte pour une grande sobriété de ton et ne cède pas au drame. L'influence, selon Claude Miller, de la présence de Nathan à ses côtés pour la réalisation. «Le sujet a des aspects très cruels. (Notre producteur) avait peut-être peur que je noircisse le tableau. J'étais d'accord pour mettre un peu d'eau dans mon vin. Mon mouvement naturel mérite peut-être ce genre de correction», concède Claude Miller.

Nathan Miller estime aussi tendre, au niveau de la mise en scène, à un dépouillement certain. «C'est vrai que j'ai tendance à en faire le moins possible. J'étais aussi inquiet de tout ce qui pouvait s'approcher du pathos, que l'histoire devienne manichéenne. On s'est tout de suite dit qu'il fallait être plus sec. L'histoire se suffit à elle-même: il fallait être le plus sec possible. Au montage, il y a eu une tendance à aller au plus près de l'os.»

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Le film prend l'affiche aujourd'hui.