Ils écrivent à deux, ils font passer les auditions à deux et ils réalisent à deux des films qui portent leur signature. Et elle est particulière, la signature en question. Autant qu'eux. Alors, travailler pour les frères Coen, c'est comment? Les principaux acteurs de A Serious Man ont répondu à la question lors de rencontres de presse organisées pendant le Festival international du film de Toronto.

Michael Stuhlbarg (Larry Gopnick)

«J'ai d'abord passé une audition pour le rôle du père dans la parabole yiddish du début. J'ai même pris des cours avec un tuteur parce que je ne parle pas couramment la langue, mais finalement, les frères Coen ont décidé d'engager des membres du Yiddish Theatre pour ce prologue, se souvient Michael Stuhlbarg. Ils m'ont quand même convoqué plus tard. Ils voulaient me voir pour les rôles de l'oncle Arthur et de Larry. Pour moi, Larry était du domaine du fantasme mais oncle Arthur... pourquoi pas? J'ai donc attendu, attendu.» Longtemps: il s'est écoulé 10 mois entre l'audition et le début du tournage. Mais sa patience a été récompensée puisque le fantasme est devenu réalité: «Jamais, au grand jamais je n'aurais imaginé avoir le premier rôle dans un film des frères Coen. C'est totalement absurde. Et totalement merveilleux.»

Sari Lennick (Judith Gopnick)

«J'ai passé une audition pour le rôle de Judith. La semaine suivante, je partais en Irlande avec mon mari et ma belle-mère. J'ai averti tout le monde: dites-moi si vous faites les rappels dans les jours qui viennent parce que si je rate ça, je tue ma belle-mère et je demande le divorce à mon mari», raconte Sari Lennick. Qui n'a pas eu à passer à l'acte: la lecture devant les Coen n'a eu lieu que bien plus tard. Et l'actrice n'en revient pas encore: «Je voyais leurs lèvres qui bougeaient, ils connaissaient mon texte par coeur... et je les ai fait rire en disant des farces qu'ils avaient écrites eux-mêmes! C'est qu'ils ne les avaient jamais entendues avec une autre voix que la leur», conclut celle qui ne s'est jamais permis d'improviser lors du tournage: «On ne fait pas de ad-lib avec Shakespeare. On ne fait pas de ad-lib avec du Coen.»

Richard Kind (Oncle Arthur)

«J'ai rencontré les frères Coen quand ils montaient la distribution de Burn After Reading. J'ai passé une audition pour le rôle de l'avocat et j'ai été très déçu de ne pas l'avoir», raconte le comédien, qui se déplace toujours quand vient le moment d'auditionner: «Faire ça sur vidéo, c'est comme tenter d'avoir un rendez-vous galant en utilisant sa photo de passeport.»

Finalement, il s'est retrouvé devant les frangins pour leur film suivant et il les a convaincus qu'il pouvait incarner l'oncle Arthur. Il a adoré l'expérience: «Ce que les Coen font merveilleusement, c'est savoir exactement ce qu'ils veulent et ce à quoi leur ressemblera. Ils storyboardent tout et chaque matin, nous donnent l'illustration de ce que l'on tournera dans la journée.

Pour eux, le plaisir est là. Après, et c'est eux qui le disent, le travail commence.»