La justice suisse doit prendre une décision «dans les prochains jours» sur une éventuelle libération du cinéaste Roman Polanski, en prison depuis le 26 septembre, a indiqué vendredi à l'AFP le consul général de France Jean-Luc Fauré-Tournaire.

«La cour de Bellinzone doit se prononcer dans les prochains jours», a affirmé M. Fauré-Tournaire.

Il a démenti des informations parues dans la presse suisse faisant état d'une décision «en fin de semaine» du Tribunal pénal de Bellinzone (sud). «C'est une interprétation», a-t-il assuré.

Sur son site internet, le quotidien Blick avait écrit qu'une décision du Tribunal concernant une éventuelle libération du réalisateur franco-polonais «pourrait se produire aujourd'hui», vendredi.

Interrogé par l'AFP à Paris, l'un des avocats français du cinéaste, Hervé Temime, a également rejeté cette possibilité.

«Il n'y a aucune décision prise au jour d'aujourd'hui et je ne sais pas quand interviendra la décision du tribunal, donc a fortiori dans quel sens elle ira. Je n'en ai aucune idée», a-t-il souligné.

Alors que le lieu de détention de M. Polanski est tenu secret par les autorités, le site internet de Blick a publié une série de photos montrant l'arrivée du consul français dans une prison identifiée par le journal comme étant celle de Winterthour.

«J'étais effectivement dans cette prison ce matin, j'en suis sorti très rapidement», a confirmé le consul.

Tout comme l'avocat français, M. Fauré-Tournaire s'est dit «inquiet» de l'état de santé de Roman Polanski.

«Je suis effectivement inquiet sur la santé de M. Polanski, ce n'est pas à 76 ans qu'on va en prison. C'est un vieux monsieur», a-t-il dit, précisant cependant que «les autorités suisses (étaient) très correctes, très polies, elles font un travail très respectable».

Les conditions de détention «sont correctes, comme dans une prison normale», a-t-il souligné. 

Selon le diplomate, M. Polanski ne bénéficie pas d'un traitement de faveur. Il «est emprisonné comme les autres, c'est un cas normal (...) dans une prison normale» mais «c'est difficile pour lui».

Roman Polanski, Oscar du meilleur réalisateur (2003) et Palme d'Or à Cannes (2002) pour Le Pianiste, a été arrêté à son arrivée en Suisse il y a près de trois semaines sur mandat américain. Il est recherché par la justice américaine après une procédure ouverte en 1977 pour des «relations sexuelles illégales» avec une adolescente alors âgée de 13 ans.

Son arrestation, survenue plus de trente ans après les faits incriminés, a soulevé une vive polémique dans le monde sur la responsabilité morale et pénale des personnes célèbres.

Les autorités suisses se sont opposées le 6 octobre à une mise en liberté provisoire du cinéaste, réclamée par ses avocats, renvoyant la décision au Tribunal de Bellinzone.