L'exposition Fellini, la grande parade décortique le foisonnant processus créatif fellinien, jusqu'au 17 janvier au musée du Jeu de Paume à Paris, à l'approche des 50 ans de La Dolce Vita, le chef-d'oeuvre du cinéaste italien.

Conçue par Sam Stourdzé, elle s'accompagne d'une rétrospective intégrale à la Cinémathèque française, du 21 octobre au 20 décembre, qui s'ouvre avec une projection de La Dolce Vita (1960) restauré et une table ronde où trois actrices, Anouk Aimée, Claudia Cardinale et Magali Noël, doivent évoquer le Maestro.

Photographies, dessins, affiches, extraits de films et d'entrevues (mais aussi bouts d'essai, scènes coupées, images d'amateurs) judicieusement choisis, évoquent quelques-unes de ses oeuvres majeures dont Huit et demi (1963), et en parallèle, les principaux ressorts de l'imaginaire du réalisateur.

Partant des origines, les débuts de Fellini (1920-1993) comme caricaturiste de presse, l'exposition qui s'est ouverte mardi, détaille ses sources d'inspiration - articles de journaux, images d'actualité - et certains de ses thèmes récurrents - cirque, music-hall, rêves, souvenirs d'enfance, médias et, bien sûr, les femmes.

«Son psychanalyste lui avait dit: «Vous dessinez très bien, vous rêvez beaucoup: dessinez donc vos rêves!» Et pendant trente ans, Fellini a dessiné ses fantasmes de femmes», des croquis réunis dans Le livre des rêves (Gallimard, 2007), dit à l'AFP Sam Stourdzé, le commissaire de l'exposition.

Toute en blondeur sensuelle, la Suédoise Anita Ekberg se baignant dans la fontaine de Trévi incarne un idéal inaccessible dans La Dolce Vita, tout comme Claudia Cardinale, fascinante apparition dans Huit et demi.

Mais le cinéma de Fellini, inspiré par la caricature, met en scène une galerie de silhouettes féminines généreuses, aux attitudes outrancières.

«Pour lui la femme est polysémique, il veut toutes les représenter, la mère, la mythomane, la putain, la femme fatale...», rappelle Sam Stourdzé.

Serge Toubiana, le directeur de la Cinémathèque française, souligne que «les femmes sont très importantes dans son cinéma: il les adore, il sait très bien les filmer, son regard est d'une justesse parfaite».

«Il veut des gueules proches du dessin animé, il cherche dans la vie réelle une dimension élastique, c'est une forme d'anthropologie qui est à l'oeuvre», dit-il à l'AFP.

L'exposition montre notamment un «casting de fesses» où le cinéaste fait gravir un long escalier à des femmes callipyges, dans une robe-filet.

«Son rapport au dessin, c'est la caricature. Son cinéma aussi, c'est une manière de camper à travers une petite séquence une anecdote, une situation. On ne peut pas résumer son cinéma à un adjectif, mais c'est aussi un cinéma de la caricature», estime M. Stourdzé.

Celui qui débuta comme assistant de Roberto Rossellini se mettra souvent en scène à travers son double à l'écran, l'acteur Marcello Mastroianni, qui campe un cinéaste en mal d'inspiration dans Huit et demi.

??parcourir l'enfilade de cadres accrochés aux murs blancs du Jeu de Paume, on se prend toutefois à regretter l'absence, dans cette exposition, de la folie visuelle qui caractérise l'univers de Fellini, qu'objets, costumes, éléments de décor ou objets d'art auraient davantage suggérée.