Avec La donation, Élise Guilbault retrouve Jeanne Dion et Bernard Émond, un réalisateur à qui elle doit deux Jutra de meilleure actrice: en 2006 pour La neuvaine et en 2002 pour La femme qui boit.

Dans La neuvaine, Jeanne Dion perd le goût de vivre quand un homme abat sous ses yeux femme et enfant. Le regard final du film, échangé par Jeanne et un curé, n'était pourtant pas la conclusion que Bernard Émond souhaitait apporter au chemin de Jeanne. Il reprend donc son personnage dans son nouveau film.

«C'est un cliché de dire que les personnages ont une vie autonome, mais c'est vrai. Il y avait quelque chose de trop simple dans cette fin: moi, je voulais savoir ce qui lui arrive, comment elle allait arriver à donner un sens à une existence ébranlée dans ses fondements», décrit Bernard Émond.

La surprise a été plus grande pour Élise Guilbault, qui, elle, repense rarement aux personnages qu'elle a incarnés. «J'ai repris ce personnage avec beaucoup de soin, dit-elle. J'ai suivi lentement l'évolution de l'écriture, j'étais contente d'apprendre que son goût de la mort avait disparu.»

Si La donation est une «re-rencontre» avec un réalisateur qu'elle connaît bien, Élise Guilbeault s'est découvert un nouveau partenaire, Jacques Godin. «Bernard a une façon spéciale de diriger ses comédiens: il demande beaucoup de sobriété. Cela va très bien dans le style et le rythme de ce qu'il fait, mais quand on est habitués à travailler de façon journalière, pour la télé, il faut se surveiller», explique le comédien.

Loin de sa propre féminité ou des excentricités d'Estelle Poliquin, son personnage dans Les hauts et les bas de Sophie Paquin, Élise Guilbault se vêt, pour Bernard Émond, de sobriété: cheveux noirs, costumes sombres et maquillage très léger. «Bernard va vers l'intériorité d'un personnage: il est intéressé à ça, sans artifice.»

«Je ne me lasse pas du visage d'Élise, répond quant à lui Bernard Émond. J'aime les vraies femmes: j'aime les visages, je vois de la beauté dans les visages. C'est ce que je veux montrer. Il n'y a pas grand-chose que j'aime plus que scruter un visage.»