Si Bernard Émond ramène l'Église au cinéma et le Québec à l'Église dans ses films, le réalisateur et scénariste se défend bien de faire du prosélytisme. Il répète volontiers qu'il n'est pas croyant, mais se soucie plutôt de l'héritage culturel québécois, fortement imprégné de christianisme.

Dans La donation, le don de soi est valorisé; l'individualisme, condamné. «On vit dans un monde obsédé par les droits, et qui a rejeté tous les devoirs: or, un droit ne saurait exister sans le devoir. On ne se sortira jamais de cette merde sans reconnaître une dette envers nos prédécesseurs, et un devoir envers nos successeurs», dit-il, avec véhémence.

Moins politique que Contre toute espérance, qui pourfendait la mondialisation des affaires, La donation est toutefois plus imprégné par la religion que les deux précédents volets de la trilogie. Il y a bien sûr la morale («tu sais que l'avortement, c'est pas un moyen de contraception», dira Jeanne à l'une de ses jeunes patientes), mais aussi l'image du pain multiplié ou carrément, une messe et un sermon.

Selon Bernard Émond, La donation est le film le moins religieux des trois volets théologaux de sa trilogie.

«Il donne une solution laïque aux problèmes du monde», dit le réalisateur, qui s'estime aussi en parfait accord avec le rappel du prêtre quant à l'importance du pardon. «Il est le prêtre que j'aurais souhaité trouver», dit Bernard Émond.

Au-delà de la religion, Bernard Émond invite ses spectateurs à le suivre dans un monde dépouillé de ses «divertissements», c'est-à-dire du détournement des questions essentielles. «Je veux susciter l'attention. Je suis fier de ce que les trois films disent: il y a quelque chose de cohérent dans cet univers-là», conclut Bernard Émond.

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