Le 15e festival Cinémania de films francophones bat son plein à Montréal. Voici nos suggestions de films à voir ce week-end.

> Welcome

Après des films comme Mademoiselle ou Je vais bien, ne t'en fais pas, Philippe Lioret plonge dans le drame social - façon Ken Loach - avec Welcome, un film magnifique, lequel s'intéresse au sort des «sans papiers» en France. Sans aucun didactisme, Lioret raconte l'histoire d'un jeune Kurde âgé de 18 ans (Firat Ayverdi, une révélation), coincé à Calais. Le jeune homme tente de franchir clandestinement les quelques kilomètres qui le sépare de sa fiancée, installée en Angleterre avec sa famille. La solution? Traverser la Manche à la nage. Un ancien médaillé de natation (Vincent Lindon) le prendra sous son aile. Au-delà du sujet épineux (la politique des autorités françaises face aux clandestins), Lioret s'intéresse surtout au parcours d'un homme mûr, vivant une période plus fragile, plus sombre. Qui sera touché par la détermination du garçon, prêt à tout par amour pour celle qu'il aime. Le drame social prend ainsi valeur intime. Et une dimension universelle.

Aujourd'hui à midi et demain à 19 h au Cinéma Impérial. En salle le 20 novembre.

> La très très grande entreprise

Le plus récent film de Pierre Jolivet (Ma petite entreprise) donne aussi dans le social mais sur un ton différent de celui de Welcome. S'inscrivant dans l'air du temps, cette comédie emprunte la dynamique d'un combat entre David et Goliath, un peu à la manière d'Erin Brockovich. Du côté des «petits», quatre modestes individus, riverains d'un étang pollué par une multinationale agrochimique ayant versé une somme ridicule en compensation. Du côté des «gros», la multinationale en question. Et ses pratiques indécentes. Les «petits» décident de se faire justice eux-mêmes et tentent d'obtenir illégalement des preuves de la malveillance corporative de la «très très grande» entreprise. La démonstration est parfois un peu appuyée mais l'escouade de choc - Roschdy Zem, Marie Gillain, Jean-Paul Rouve et Adrien Jolivet - se révèle pétillante.

Aujourd'hui et lundi à 17 h au Cinéma Impérial.

> Coco Chanel et Igor Stravinsky

Ce film de Jan Kounen (99 francs), présenté lors de la soirée de clôture du Festival de Cannes, n'a rien à voir avec Coco avant Chanel, le film qu'a récemment présenté Anne Fontaine avec, pour tête d'affiche, Audrey Tautou. Les deux films, c'est un hasard, se complètent pourtant magnifiquement, celui de Kounen commençant pratiquement là où se termine celui de Fontaine. En 1913, Chanel est amusée par le scandale suivant la première représentation du Sacre du printemps, un ballet mis en musique par un dénommé Igor Stravinsky. Sept ans plus tard, le compositeur s'installe chez la designer avec femme tuberculeuse et enfants. Et engage avec Chanel une liaison tumultueuse. Anna Mouglalis est sublime. Voix, élégance, prestance, tout y est. Face à elle, l'acteur danois Mads Mikkelsen (Casino Royale) se glisse dans l'esprit tourmenté du compositeur. Kounen aura eu raison de s'attarder seulement à cet épisode précis de la vie de Chanel plutôt que dans les affres du «biopic» traditionnel.

Aujourd'hui à 17 h et jeudi à 11 h 15 au Cinéma Impérial. En salle en 2010.

> L'armée du crime

Le cinéaste marseillais Robert Guédiguian change de registre. Le réalisateur de Marius et Jeannette se frotte cette fois au drame historique en s'intéressant à un épisode plus méconnu de la Deuxième guerre mondiale. Ne reniant strictement rien de son affinité pour les gens de plus modeste condition et les opprimés, Guédiguian évoque ici le réseau Manouchian, un groupe de résistants à la tête duquel figurait un Arménien (Simon Abkarian, très juste), de même que des immigrés de seconde génération. À travers cet épisode d'hier, l'auteur cinéaste parle aussi du présent, dans la mesure où la question identitaire demeure encore épineuse. De facture classique, L'armée du crime atteint une grande puissance émotionnelle. Et s'inscrit dans la mouvance de films comme Indigènes, dans lesquels des chapitres entiers, disparus des livres d'histoires, refont aujourd'hui surface.

Dimanche à 17 h et jeudi à 15 h 30 au Cinéma Impérial. En salle le 13 novembre.

> Musée haut, musée bas

L'une des comédies les plus étranges des plus récentes années. Adaptant pour le grand écran sa propre pièce, Jean-Michel Ribes propose une comédie complètement loufoque et déjantée, campée dans un musée imaginaire visité par des personnages pour le moins colorés. Au service de cet exercice de style sur lequel on portera un regard amusé ou agacé (c'est selon), le Whos' who du cinéma français: Michel Blanc, Victoria Abril, Valérie Lemercier, Fabrice Luchini, Josiane Balasko, Muriel Robin, André Dussollier et bien d'autres. Tous cabotinent à coeur joie et se vautrent dans les excès, la forme de ce film exigeant des acteurs un caractère propre à la bande dessinée. On ne sait trop à quoi tout cela rime, mais l'ensemble se révèle original. C'est à prendre ou à laisser.

Dimanche à 19 h 45 et vendredi 13 novembre à 19 h au Cinéma Impérial. En salle le 20 novembre.

> Un chat un chat

Célimène, qui préfère qu'on l'appelle Nathalie, est une jeune auteure en mal d'inspiration. Elle vit avec sa mère, le temps que les travaux dans son appartement se terminent et qu'elle se remette de sa rupture. Chiara Mastroianni se révèle excellente dans un registre dans lequel on la voit peu souvent : l'humour délicat et légèrement décalé de Sophie Fillières. Agathe Bonitzer, Malik Zidi et Sophie Guillemin complètent la distribution.

Demain 11 h 30 et lundi 21 h au Cinéma Impérial.

- Anabelle Nicoud