La nouvelle lune est celle du ciel d'encre. De l'absence. Pour Bella, elle est cruelle. Edward l'a quittée. Et le réconfort qu'elle trouve auprès de Jacob est teinté de zones d'ombre. Après Twilight, New Moon. Après Catherine Hardwicke, Chris Weitz. Mais toujours, à l'écran, Kristen Stewart, Robert Pattinson et Taylor Lautner. Rencontre avec la belle, ses «bêtes» et celui qui les a dirigées.

Dans Twilight, le premier tome de sa tétralogie, Stephenie Meyer raconte un amour véritable. À la Roméo et Juliette. Sans le drame final. Dans New Moon, elle se penche sur une suite logique des choses, en tout cas lorsqu'on veut exploiter ce grand amour adolescent dans un cycle romanesque : le coeur brisé.

Edward (Robert Pattinson) quitte Bella (Kristen Stewart) pour la protéger du risque que représente la fréquentation d'un vampire. Et Bella de sombrer dans la dépression. Dont elle sortira grâce à Jacob (Taylor Lautner), son ami de la tribu quileute, si lumineux. À l'opposé du ténébreux Edward. Ce qu'elle ignore toutefois, c'est que les Quileutes ne font pas que descendre des loups, comme le veut leur légende. Certains en sont, comme le veut la fiction.

Alors que la réalisatrice Catherine Hardwicke a porté le romantisme exacerbé de Twilight au grand écran, Chris Weitz a relevé le défi de poser dans New Moon les bases de ce qui deviendra l'an prochain le triangle amoureux d'Eclipse.

«J'étais le nouveau sur le plateau, parmi ces acteurs qui connaissaient leurs personnages et l'univers mieux que moi. Ça m'a demandé beaucoup de préparation pour me sentir à la hauteur», dit le réalisateur lors de conférences de presse organisées à Los Angeles. «Chris ne voulait surtout pas qu'on ait l'impression qu'il avait simplement sauté sur le prochain gros projet qui s'offrait à lui», ajoute Kristen Stewart.

Chris Weitz a donc écrit, pour convaincre ses troupes, un syllabus d'une cinquantaine de pages qu'il a remis aux principaux intéressés. «Je n'ai jamais vu un truc pareil, indique Robert Pattinson. Il nous montrait là-dedans qu'il était sur la même page que nous, qu'il voulait, autant que nous, faire ce film et le faire bien. Et il n'a pas changé d'attitude pendant tout le tournage.»

Les décisions du réalisateur ont ainsi été acceptées sans douleur. Il a beau mettre en scène des vampires et des loups-garous, Chris Weitz ne mord pas. Ainsi, au sujet du départ d'Edward, qui est absent de la plus grande partie du roman, il a rapidement été conscient qu'un film sans Robert Pattinson aurait été un crime de lèse-Twilighter membre de la Team Edward.

«J'avais besoin de Rob à l'écran, mais pas trop, pour conserver le sens de la perte qu'éprouve Bella», fait-il. Ça tombait bien, la scénariste Melissa Rosenberg, qui a aussi signé l'adaptation de Twilight, pensait la même chose.

«Edward a beau être ailleurs, il est très présent dans l'esprit de Bella, qui en vient à entendre sa voix. Je me suis dit qu'à l'écran, elle pourrait non seulement l'entendre mais carrément le voir», explique-t-elle.

Sauf que l'effet aurait facilement pu être «moche ou ridicule», admet Chris Weitz qui, avec ses spécialistes des effets spéciaux (il a travaillé avec ceux qui, à la pointe de la technologie, ont travaillé pour The Golden Compass), il a réinventé le phénomène de «l'apparition fantomatique» : «Nous avons traité la manière dont Edward apparaît, bouge et disparaît à la manière d'une flamme de chandelle. «

C'est aussi au réalisateur qu'est revenue la décision de garder ou pas Taylor Lautner au générique: le gamin souriant de Twilight pouvait-il vraiment être le colosse grondant de colère de la deuxième partie de New Moon? « Il a en effet été question de changer d'acteur, admet-t-il. Taylor avait peu de scènes dans le premier film et dans le deuxième livre, il est question d'un homme de deux mètres. «

Sauf qu'il émane de la bonté du géant en question, et non de la menace. Or, selon Chris Weitz, il est plus facile de faire aller quelqu'un de gentil vers la colère que l'inverse. D'où son choix de faire confiance à Taylor Lautner - cris d'allégresse dans la Team Jacob - d'autant plus que le comédien, consciencieux, a gagné en taille et en muscles pour s'approcher physiquement du personnage.

Bref, New Moon, c'est Bella écartelée entre Edward dont l'absence semble insurmontable, et Jacob, dont la lumière se teinte de mystère. D'un côté, la passion dangereuse. De l'autre, l'amitié réconfortante. «Ils sont à l'opposé l'un de l'autre. L'un est froid et l'autre, bouillant - littéralement. Mais Edward est celui dont elle a besoin. Avec lui, elle est en équilibre. Jacob est amusant, chaleureux, mais c'est son meilleur ami.»

Dans ces mots de Kristen Stewart, on entend un «seulement», «seulement» le meilleur ami de Bella. En tout cas, jusqu'à Eclipse - traduit en français par Hésitation. À suivre entre les pages du roman (si ce n'est déjà fait) ou au grand écran, le 30 juin 2010.

LA TRANSFORMATION : Taylor Lautner

«Absolument pas «, a répondu Taylor Lautner au journaliste qui lui a demandé s'il avait pris des stéroïdes afin de pouvoir passer du gamin au sourire craquant de Twilight au type bien bâti (allez, Team Edward, on réagit!) de New Moon. Un costaud dont les zones d'ombre sont parfois éclairées par ce sourire qui, lui, n'a pas changé.

Le comédien a su très vite qu'une épée de Damoclès pendait au-dessus de sa tête. «Je savais où était Jacob dans Twilight et je savais où il allait dans New Moon. Je me suis concentré là-dessus.» Changer physiquement (il a pris une quinzaine de kilos en muscles) mais aussi mentalement: «Jacob vieillit dès que le loup s'éveille en lui. J'ai beaucoup lu et étudié le roman pour comprendre cette métamorphose.»

Pour ce qui est du physique, il l'a bien sûr travaillé en gymnase. Et ça n'a pas été un problème : il aime.

Le volet nutrition a été, de son propre aveu, plus difficile à avaler. «Je devais consommer 3200 calories par jour simplement pour maintenir mon poids. Pour en gagner, il me fallait manger quelque chose toutes les deux heures. Je me trimballais partout avec des amandes, des pâtés de boeuf, des patates douces. Tant qu'à faire, j'aurais préféré de la crème glacée! « fait celui qui s'est aussi débarrassé de sa perruque aux longs cheveux noirs: «Quel soulagement ! C'était chaud, ça piquait et ça ralentissait le tournage. Là, je dois embrasser Bella. Coupez! J'ai des cheveux dans la bouche. Et on recommence.»

Mais au bout du compte, le résultat est concluant. En particulier dans une certaine scène où, voyant Bella blessée au front, il enlève son t-shirt avec disons, flamboyance, afin de nettoyer la plaie. «Je ris chaque fois que je vois ces images», pouffe-til en esquissant un sourire en direction de l'assistance.

Pour ceux qui s'en inquièteraient, ce jeune loup n'est pas devenu un garou.

L'AFFIRMATION : Kristen Stewart

Lorsqu'elle s'est présentée aux tables rondes organisées en vue de la sortie de Twilight, l'an dernier, Kristen Stewart avait tout de l'animal traqué. On la sentait dépassée par ce qui lui arrivait. La jeune femme qui est entrée dans la grande salle du Four Seasons de Beverly Hills, il y a quelques jours, avait mûri et appris à s'affirmer. C'était beau à voir.

«Je me sens plus à l'aise de parler de moi, j'ai appris à terminer mes phrases, à cesser de «sur-analyser». Et j'ai arrêté de m'en faire avec le contenu des tabloïds. C'est comme un soap opera où se trouve mon nom», fait la comédienne qui dit avoir vraiment apprécié sa deuxième expérience dans la peau de Bella.

De par la nature de l'histoire, «le tournage de New Moon a été très intense «. Ma is il a aussi été «gratifiant de sentir Bella grandir «. Impossible, ici, de ne pas faire le parallèle avec Kristen Stewart qui est prête à défendre bec et ongles son personnage.

Selon elle, Bella peut être un modèle pour les adolescentes : «C'est une fille normale, qui se permet de faire des erreurs et de ne pas en avoir honte. Ça lui donne une certaine confiance tout en l'empêchant d'être arrogante «, explique celle qui, peu avant son passage en Californie, faisait la promotion du film au Brésil.

C'est là qu'il lui est arrivé un de ces incidents un peu fous qui l'auraient fait paniquer l'an dernier : «Le studio nous envoie en promo dans le monde, par petits groupes. Cette fois-là, j'étais avec Taylor. Soudain, un gars s'est mis à crier: «Où est Robert? Tu DOIS être avec Robert!» J'ai éclaté de rire parce que c'était drôle, mais en même temps, je me sentais mal devant autant de désarroi.»

La distance et la sympathie. Cette jeune dame a décidément beaucoup grandi en une année.

LA DÉCONTRACTION : Robert Pattinson

Oh! qu'il était sérieux, le Robert Pattinson qui s'est présenté devant les journalistes au moment de la sortie de Twilight! Il hésitait encore entre la carrière de comédien et celle de musicien. Il avait envie de faire du cinéma qui compte, et non seulement ajouter sa «merde sur le tas» ce sont ses mots.

S'il pense peut-être encore ainsi, il a appris à livrer le message avec décontraction. Avec une bonhommie et un humour qui tiennent plus de Jacob que d'Edward. Allez, permission de craquer donnée aux membres de la Team Edward!

Pourtant, les tourments étaient tout en haut de son programme lors du tournage de New Moon: «Les scènes les plus difficiles, pour moi, ont été celles où Edward apparaît à Bella.» Pas parce qu'il était seul au moment de les tourner (effets spéciaux obligent), mais parce qu'il n'incarne pas là le vrai Edward, qu'il maîtrise, mais «une manifestation de la solitude et du désespoir de Bella». «J'ai donc demandé à Kristen de me dire comment elle, voyait ça. Après tout, elle connaît Bella», fait l'acteur qui, visiblement, sait écouter. Même s'il dit être entêté, un peu trop satisfait de lui-même et, parfois, obsessif et possessif.

Autant de traits qu'il croit partager avec Edward. «J'ai une idée très précise de la manière dont je veux faire mon travail et celle dont je veux être perçu ça frôle parfois le ridicule «, rigole-t-il.

Comme il rit encore, gentiment, quand on lui demande d'évoquer des incidents twilightiens qui lui sont arrivés récemment. « Je trouve toujours amusant quand des personnes plus âgées réagissent vraiment au phénomène Twilight. L'autre jour, cette dame qui devait avoir 90 ans est venue vers moi et elle me disait exactement les même choses que les filles de 12 ans. C'était bizarre. «

Et il dit ça sans perdre une once de son charme, avec une chaleur qui l'éloigne (temporairement) d'Edward.

Des chiffres fascinants

53 millions: nombre d'exemplaires des quatre romans formant la saga Twilight qui se sont vendus à travers le monde

1,2 million: nombre de copies de Breaking Dawn vendues dans les 24 heures suivant sa sortie.

Entre 35 et 38 millions: budget du film Twilight réalisé par Catherine Harwicke

Environ 50 millions: budget dont aurait bénéficié le film New Moon réalisé par Chris Weitz

375 millions: box-office mondial de Twilight

3 millions: nombre de DVD de Twilight vendus dans les 24 heures suivant sa sortie

1,94 million: nombre de personnes ayant acheté la trame sonore de Twilight

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The Twilight saga : New Moon (La Saga Twilight : Tentation) prend l'affiche le 20 novembre

Les frais de voyage de ce reportage ont été payés par Les Films Séville (E1)