Les 12es Rencontres internationales du documentaire de Montréal présentent plusieurs programmes spéciaux. Parmi ceux de cette année, un débat plutôt culotté: «Avons-nous besoin des organismes culturels publics?»

Agora, en grec ancien, veut dire: grande place où siège l'assemblée du peuple.

Le président de l'Office national du film, Tom Perlmutter, croit que notre société a désespérément besoin d'une nouvelle agora, adaptée à la société du nouveau millénaire, ouverte et multiple.

Le commissaire du gouvernement à la cinématographie ouvrira le débat «Avons-nous besoin des organismes culturels publics?» mardi dans le cadre des RIDM. Quatre invités en discuteront: Carmen Garcia, productrice, Isabelle Hudon, présidente de Marketel, Michel Venne, directeur de l'Institut du Nouveau Monde et Caroline Zéau, professeure d'université.

Avec cette discussion, Tom Perlmutter souhaite aller au-délà de la pertinence et de la justification de l'ONF comme organisme culturel public. Ce combat, il le mène tous les jours en démontrant que l'Office, de plus en plus accessible au grand public, fait des choses que personne dans le privé ne peut ou ne souhaite faire.

«On a besoin des institutions publiques pour assurer l'épanouissement et la vitalité culturelles, dit-il, mais il ne s'agit pas de protection culturelle. Il faut ouvrir le débat, accepter de se remettre en question et le faire publiquement.»

Certaines notions, selon lui, doivent être clarifiées. Depuis plusieurs années, on questionne le rôle de l'État en culture et ailleurs. Les «minimalistes», dit-il, souhaiteraient tout privatiser, mais ils confondent le rôle de l'État et le rôle public.

«Le rôle de l'État est prescriptif, explique M. Perlmutter, établir la réglementation et les normes de la société. Mais le rôle public c'est de s'assurer, par une exploration dynamique, d'une base commune pour la vie en société. Ce n'est pas le même chose.»

Aux yeux des «minimalistes», poursuit-il, l'État ne doit qu'appuyer la maximisation des choix privés. «Dans le fond, cette position possède une facette publique parce que ces gens existent dans la société. Mais le privé ne peut pas livrer tous les biens publics. En période d'intenses changements technologiques, on sent que les choses nous échappent. On doit se demander comment régir et diriger ces changements. C'est la raison d'être du secteur public, à mon avis.» Il ajoute que la culture est une «façon de s'adapter aux changements en cours».

Par exemple, il estime que c'est à travers la culture qu'on peut assurer la coexistence des différentes communuatés culturelles dans une ville comme Montréal. Ainsi, le débat en est une composante essentielle, selon lui, mais il ne faut en rien le limiter.

«En ancrant le débat dans la réalité, on fabriquera une nouvelle façon de vivre ensemble, croit-il. En ce sens, les institutions culturelles ne doivent pas devenir sclérosées. Je suis un partisan du changement, pas dans l'asbtrait, mais dans le but de servir le public.»

Le débat «Avons-nous besoin des organsimes culturels publics?» a lieu mardi à 17h à la Cinémathèque québécoise. L'entrée est gratuite.