Pour tirer son épingle du jeu, les distributeurs de films québécois doivent moins faire appel à l'intuition et davantage à la «science», en n'hésitant pas à recourir à des projections-tests et des «script-doctors». Voilà en substance le message qu'a livré hier Patrick Roy, le président d'Alliance Vivafilm (le plus important distributeur de films au Québec), à un déjeuner-causerie de l'Académie canadienne du cinéma et de la télévision.

Sans de nouveaux outils pour améliorer la prévisibilité des entrées au box-office, des entreprises de distribution risquent de disparaître à brève échéance, affirme-t-il, en faisant référence aux déboires de Christal Films et d'Équinoxe. «Les visionnements-tests ne doivent pas être perçus comme une entrave à la création, mais plutôt comme un outil nous permettant de mieux exercer notre métier.»

Le président de l'entreprise de distribution ne souhaite pas se reposer entièrement sur les outils de recherche, comme le font les Américains. Mais il plaide pour une utilisation d'outils afin de mieux prévoir la réaction du public.

Depuis un an, le distributeur utilise déjà des projections-tests pour tous ses films québécois. De père en flic a eu droit à deux de ces visionnements devant public choisi, l'un à l'étape du montage, l'autre pour mieux déterminer le public-cible. Dans le cas de Babine, le visionnement a permis d'ajuster la mise en marché en ciblant les adultes plutôt qu'une clientèle familiale. De même, M. Roy a rappelé en point de presse le cas de Mémoires affectives. Alors que le réalisateur Francis Leclerc était à l'étape du montage, une projection-test a révélé que la majorité des gens ne comprenaient pas l'intrigue. «Francis voulait que son film soit compris. Il l'a ajusté au montage et a ajouté une voix-off», a expliqué M. Roy.

Toutefois, faute de moyens, ces visionnements ne permettent pas d'ajouter des scènes. Rassurons-nous: «On ne change pas les fins, au Québec», dit-il. Quant au recours à des «script-doctors», chargés de conseiller scénaristes et réalisateurs, il considère que «la majorité des créateurs ne voient pas ça comme un problème».

Par ailleurs, le président d'Alliance Vivafilm a annoncé son intention de créer un programme de stage en distribution de films à l'intention des étudiants en cinéma, communication et marketing des universités. Il souhaite aussi mettre sur pied un programme de diffusion de films québécois dans les institutions scolaires.

M. Roy a également souligné les succès des créations québécoises au cours de la dernière année. Jusqu'à maintenant, sept films québécois ont généré plus de 1 million de dollars au box-office cette année, d'après l'agence Cinéac. Mais deux autres pourraient bien s'ajouter à la liste: J'ai tué ma mère étant à 50 000$ du million et Pour toujours les Canadiens sortant bientôt sur 100 écrans. (Les autres: De père en flic 10,4 M; Dédé à travers les brumes 1,7 M; Les doigts croches 1,6 M; Polytechnique 1,6 M; À vos marques... party! 2 1,4 M; Les pieds dans le vide 1,1 M; 5150, rue des Ormes 1,1 M).