Élevé au niveau de religion nationale, le hockey inspire depuis toujours le cinéma québécois. Petit tour d’horizon.

À lui seul, l’Office national du film (ONF) a consacré une dizaine de courts et de longs métrages au hockey. En 1940 déjà, Glace vive, d’Irving Jacoby,  présente le hockey comme un vecteur d’union nationale: une spécificité canadienne, capable d’abolir les classes sociales.

«Glace vive s’inscrit dans des séries de films d’actualité faits pour les salles de cinéma. Le mandat de l’Office était de faire connaître le Canada aux Canadiens», observe Marc St-Pierre, qui y travaille comme analyste de collection.

La vision du hockey varie avec l’évolution du documentaire. Le court métrage de l’un des pères du cinéma direct, Gilles Groulx (1964), Un jeu si simple, propose une réflexion sur le sens et les symboles du sport préféré des Québécois. Plus tard, l’ONF propose des visions plus sociétales et plus personnelles du hockey. Le dernier documentaire consacré au hockey est Junior, un film qui, s’intéresse aux dessous des ligues mineures.

«On est allés vers des sujets plus personnels et plus critiques, comme on l’a fait pour des problématiques comme l’environnement», avance Marc St-Pierre.

Outre les oeuvres de l’ONF, la cinématographie québécoise compte bien peu de films inspirés par le hockey, croit toutefois le critique de cinéma Michel Coulombe. «Il n’y a pas de quoi faire une rétrospective», estime-t-il.

Le cinéma de fiction a longtemps délaissé le hockey. «Cela s’explique si l’on ramène le cinéma québécois à ce qu’il fait beaucoup : des comédies ou des drames. Le hockey serait un drame sportif, mais nous, on ne fait pas ça. On commence un peu, au travers du physique d’un comédien comme Guillaume Lemay-Thivierge», croit Michel Coulombe.

Le hockey n’est en effet qu’un prétexte dans la franchise la plus populaire de l’histoire du cinéma québécois: Les Boys, qui ont, à eux quatre, obtenu des recettes au guichet de 22.7 millions, entre 1997 et 2005. «Dans Les Boys, on s’est intéressés au hockey par la bande», souligne Michel Coulombe.

«On connaît l’omniprésence du hockey chez nous, mais c’est un univers tellement large que l’on peut y trouver plusieurs points de vue», explique le scénariste et romancier Marc Robitaille, auteur d’Histoires d’hiver, sorti en 1999. «Moi, j’ai proposé une perspective du souvenir ; c’était impressionniste, il y avait une vision nostalgique et romantique. »

Échec commercial lors de sa sortie, Histoires d’hiver reste, pour plusieurs observateurs, un film injustement sous-estimé. «Ce n’est pas parce qu’il y a le mot hockey que ça va attirer une grande foule», constate Marc Robitaille.

Les grands héros du hockey n’ont quant à eux pas vraiment inspirés de documentaires ou de fiction, à l’exception notable du Rocket, Maurice Richard. Il y a d’abord eu le documentaire Peut-être Maurice Richard et, 40 ans plus tard, la fiction de Charles Binamé.

«C’est un grand film de hockey, mais dans une perspective québécoise : un homme ordinaire qui connaît la victoire et va se tenir debout. C’est une résistance assez tranquille», dit Michel Coulombe.

Finalement, c’est la télévision qui a le plus mis à l’écran le hockey, avec la série phénomène Lance et compte, dans laquelle la victoire et la défaite des équipes sont une part importante du drame. «L’objet d’un match ne veut rien dire en soi. Mais ça oblige les participants à être courageux. C’est un contexte qui permet de sortir de l’homme et de la femme des capacités cachées dans la vie quotidienne», croit le scénariste Réjean Tremblay.

Toutefois, la série pourrait bien arriver sur grand écran l’hiver prochain. «On s’ouvre au film de genre», constate Michel Coulombe. Une tendance que semble confirmer la sortie, sur une centaine d’écrans, de Pour toujours les Canadiens.

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Pour toujours le hockey

Gardien de la mémoire québécoise et canadienne, l’Office national du film possède une collection impressionnnate de films, de différentes durées, documentaires et fictions, sur notre sport national. En voici quelques exemples qui peuvent être vus à la Cinérobothèque ou en ligne sur www.onf.ca :

Un jeu si simple, un documentaire de Gilles Groulx sur le Canadien en 1964.

Glace vive, un documentaire de 1940 sur les Maple Leafs et les Rangers.

Junior, un documentaire récent sur les dessous du hockey junior.

Le chandail, un classique d’animation adapté d’une nouvelle de Roch Carrier.

Les vrais perdants, excellent documentaire d’André Melançon.

Les troubbes de Johnny, une fiction de Jacques Godbout avec Robert Gravel.

Le violon de Gaston, une fiction d’André Melançon datant de 1974.

Le Rocket, un film de Jacques Payette sur Maurice Richard.

Manon Rhéaume, seule derrière le masque, documentaire sur la première femme qui ait joué au hockey professionnel.

Peut-être Maurice Richard, un documentaire de 1971.