Cinéma, télévision, jeux vidéo... l'avenir appartient à la 3D, selon Jon Landau, producteur américain du film très attendu, Avatar. Enthousiaste devant la technologie conçue par son équipe, il estime que l'imagerie 3D s'installera naturellement au grand écran.

«Je pense que la 3D est l'avenir pour tout», a-t-il affirmé à La Presse, lors d'une visite éclair dans les studios montréalais d'Ubisoft où a été mis au point le jeu Avatar.

«Nous passons une grande partie de notre temps devant un écran, constate Jon Landau (aussi producteur des films Titanic et Solaris). Mais nous voyons la vie en 3D! C'est tout simplement naturel.»

Réalisé par James Cameron avec un budget de près de 300 millions de dollars, Avatar amène la technologie 3D là où elle n'était encore jamais allée, remarque-t-il.

«Pour que ce film fonctionne, nous devions créer des personnages générés par ordinateur qui soient émotifs et attirants. Notre temps et nos efforts ont été consacrés à créer les yeux, la bouche, etc. Si nous ne pouvions pas faire de gros plans sur ces personnages, nous ne pouvions pas faire le film», décrit-il.

Il aura fallu près de 15 ans pour y parvenir. Jon Landau a lu la première ébauche du scénario de James Cameron, bien avant qu'ils se lancent ensemble dans l'aventure de Titanic.

«Je l'ai lu et je me suis dit : wow! Ce sera un bon film. Mais la question était : pouvons-nous le faire maintenant? Et de la bonne façon, pour que l'histoire soit racontée de la façon qu'elle doit être racontée? Ce que nous avons tenté de faire est d'utiliser la technologie pour raconter une histoire qui n'aurait pu l'être autrement.»

Le producteur hollywoodien compare l'impact de la 3D sur le cinéma à celui qu'a eu la stéréo sur la musique. «Nous pourrions tous écouter de la musique en mono. Mais nous choisissons de ne pas le faire. Pourquoi? Parce que l'expérience est plus immersive avec le son stéréo. Je crois que la 3D a le même effet.»

Cela pourrait toutefois, selon lui, prendre du temps avant que cette technologie ne devienne la norme au grand écran. Un peu comme le cinéma en couleur qui a mis près de 30 ans à s'imposer.

«Il y aura de plus en plus de films réalisés en 3D, des drames comme des comédies. La couleur n'est devenue omniprésente à l'écran que dans les années 70. Ça a pris du temps. Je ne pense donc pas que pour la 3D, ça se fera en une nuit», dit-il.

Au-delà du précédent technologique, Avatar innove par l'univers qu'il propose. Aucun univers de cette envergure n'a été créé depuis Star Wars. Les cinéphiles devront se familiariser avec un monde dont ils ignorent tout.

Avatar, le jeu

C'est d'ailleurs pour faciliter ce premier contact que le jeu vidéo inspiré du film sera lancé le 1er décembre, soit 17 jours avant l'arrivée de la production en salle. Mis au point pendant trois ans dans les studios d'Ubisoft, le jeu sera offert en version «traditionnelle» et en 3D pour ceux qui possèdent un téléviseur adapté.

«Dès le début du projet, c'était très important pour nous d'avoir un jeu vidéo, souligne Jon Landau, parce qu'il y a beaucoup plus que ce que nous avons le temps de dire dans le film. On n'a pas besoin d'avoir joué au jeu pour voir le film, mais pour ceux qui sont curieux, nous leur donnons la possibilité d'aller plus en profondeur.»

Selon Yannis Mallat, PDG d'Ubisoft Montréal, «on dit souvent qu'on fait le jeu du film. Dans ce cas-ci, on a fait le jeu de l'univers du film. Le film raconte une histoire, alors que le jeu permet de se raconter autant d'histoires qu'on veut».

À ses yeux, l'industrie du jeu vidéo n'y échappera pas : la 3D deviendra aussi la norme. «C'est une évolution naturelle, note celui qui qualifie de lune de miel la collaboration avec l'équipe de James Cameron. Ça va fonctionner pour le cinéma et peut-être même encore plus pour le jeu vidéo. Parce qu'on y est davantage immergé.»